La Chine à travers son ambassadeur adjoint aux Nations Unies, Dai Bing, en appelle à une plus grande implication de la communauté internationale à aider les pays africains « dans la gestion des ressources, et aider les gouvernements des pays touchés par des conflits à améliorer leurs capacités en matière de planification industrielle, de contrôle financier et d’application des règles de sécurité, afin de transformer leurs ressources en un atout pour le développement. »
Cet appel intervient au moment où la Chine est mise sous-pression, à peine voilée, par les Etats-Unis et d’autres pays développés, pour sa responsabilité et son rôle dans la mauvaise gouvernance du secteur minier dans plusieurs pays d’Afrique.
Dai Bing intervenait dans le cadre d’un débat ouvert du conseil de sécurité sur la paix et la sécurité en Afrique sur le thème de : « Paix et sécurité en Afrique : Renforcer la lutte contre le financement des groupes armés et des terroristes par le trafic illicite des ressources naturelles. »
Son intervention a quelque chose d’ironique lorsqu’on considère le rôle et l’influence chinois dans les trafics des ressources naturelles sur le continent.
La Chine, les trafics et la pollution en Afrique
- Trafic: Sur le sujet, Pékin n’a que très peu de leçons à donner. C’est la demande chinoise qui alimente le trafic des espèces sauvages animales et des bois rares; ce sont majoritairement les chinois qui sont impliqués dans les trafics illégaux d’or et d’autres pierres précieuses un peu partout en Afrique; et sans oublier l’impact de sa flotte de pêche sur les côtes africaines. Et tout ceci sans que Pékin ne prenne des mesures sérieuses pour mettre fin à ces pratiques.
- Industrie: Les entreprises chinoises sont régulièrement pointées du doigt par les organisations de la société civile et les gouvernements pour les violations récurrentes des droits de l’homme et la pollution de l’environnement. Et tout ceci dans un environnement de gouvernance opaque et corrompu qu’ils ne dénoncent jamais.
La Chine et l’industrie minière en Afrique
Il en a aussi appelé à « la mise en place d’un système de valorisation des ressources mondiales plus juste et équitable, affirmant que l’ordre économique international injuste et inéquitable a chroniquement piégé les pays africains au bas de la chaîne industrielle mondiale. »
Il est en effet temps pour les pays africains de tirer avantage de leurs ressources naturelles. Et la Chine se trouve dans une position idéale pour jouer un rôle pionnier dans le processus d’industrialisation et de la valorisation de la chaine minière des pays africains.
- Industrialisation et chaine de valeur: Des efforts sont faits avec l’installation d’unités de traitement basiques dans la filière cuprifère et cobaltifère en R.D.Congo et en Zambie, mais bien plus, peut et doit être fait. En Indonésie, face aux exigences des autorités, les entreprises chinoises ont construit des usines de transformation de nickel et de bauxite. Des demandes similaires, jusque-là sans réponses, proviennent de Guinée et du Zimbabwe qui exigent la transformation totale de leur fer et lithium localement. Il est vrai que les défis structurels ne sont pas les mêmes, et exigent une approche différente, cependant la position et les relations privilégiées qu’elle entretient avec plusieurs régimes africains, la placent dans une position unique pour impulser la transformation du secteur minier en Afrique.
Et pour finir, la Chine gagnerait en crédibilité si elle faisait preuve de cohérence en prenant des actions concrètes pour mettre fin au trafic illicite d’espèces animales sauvages et des bois rares auxquels s’adonnent ses ressortissants.
LECTURE RECOMMANDÉE:
- Xinhua: La Chine appelle à aider les pays africains à renforcer leurs capacités de gestion des ressources naturelles (en anglais)
- Security Council Report : Paix et sécurité en Afrique : Financement des groupes armés et des terroristes par le trafic illicite de ressources naturelles (en anglais)
