La visite du président chinois Xi Jinping au sommet des BRICS comprend également une visite d’État officielle en Afrique du Sud qui a eu lieu mardi 22 août. Les deux gouvernements ont souligné l’ancienneté de leurs relations (cette année marque le 25e anniversaire des liens diplomatiques) et ont déclaré vouloir approfondir leur partenariat stratégique global.
Une lettre de Xi a été publiée dans plusieurs journaux sud-africains lundi. Le texte présente les relations comme emblématiques de l’engagement plus large de la Chine en faveur des pays en développement :
« La Chine et l’Afrique du Sud, en tant que membres naturels des pays du Sud, devraient d’autant plus travailler ensemble pour appeler à une plus grande voix et influence des pays en développement dans les affaires internationales, promouvoir une réforme accélérée des institutions financières internationales, et s’opposer aux sanctions unilatérales et à l’approche des cercles fermés« .
Ce dernier point fait référence aux États-Unis, que les porte-parole du gouvernement chinois ont accusés de favoriser de petits groupes de riches alliés au détriment d’un multilatéralisme plus large. Il a opposé cette approche à ce qu’il a appelé « l’esprit d’ouverture des BRICS » :
« Aujourd’hui, de plus en plus de pays frappent à la porte des BRICS, aspirant à rejoindre notre organisation. Cela témoigne de la vitalité et de l’influence du mécanisme de coopération des BRICS ».
Ces propos ont été repris du côté sud-africain. Lors d’une allocution télévisée dimanche, le président sud-africain Cyril Ramaphosa a déclaré : « Un Brics élargi représentera un groupe diversifié de nations avec des systèmes politiques différents qui partagent un désir commun d’avoir un ordre mondial plus équilibré. »
M. Xi aborde de nombreux sujets au cours de cette visite, qui vise à renforcer les relations entre Pékin et l’Afrique du Sud, à redynamiser l’engagement de Pékin vis-à-vis du continent africain, à gérer les complexités des BRICS et à signaler une position internationale forte de la Chine, en dépit des difficultés économiques du pays et de l’attention que M. Xi continue de porter à sa politique intérieure (il s’agit seulement de son deuxième voyage à l’étranger de l’année).
Les questions au centre de la visite de Xi en Afrique du Sud
- ÉNERGIE : alors que l’économie sud-africaine souffre de pannes d’électricité catastrophiques, la coopération avec la Chine dans le domaine de l’énergie devient cruciale. Le ministre sud-africain de l’électricité, Kgosientsho Ramokgopa, a un programme chargé de réunions avec les membres de la délégation de M. Xi, notamment avec des grands opérateurs chinois tels que China State Grid et China National Electricity Engineering Co. Avant le sommet, il s’est également rendu en Chine pour rencontrer des fabricants de panneaux solaires, et un accord devrait être conclu lors du sommet. Les nouvelles infrastructures énergétiques sont également incluses dans la nouvelle obligation libellée en rand émise par la New Development Bank, basée à Shanghai, la semaine dernière.
- COMMERCE : La partie sud-africaine a insisté sur la nécessité d’accroître les investissements et de diversifier les échanges. Vincent Magwenya, porte-parole de la présidence, a déclaré que l’Afrique du Sud souhaitait « souligner le besoin urgent d’améliorer la balance commerciale et de diversifier les exportations sud-africaines vers la Chine en identifiant un large accès au marché pour les produits à valeur ajoutée ». Souligner l’importance de l’investissement étranger direct durable en soutenant la production, l’infrastructure et la valorisation, et encourager un engagement étroit du secteur privé des deux pays ».
- AFRIQUE : L’Afrique du Sud a invité de nombreux dirigeants africains au sommet des BRICS cette année. Si cela sert l’objectif de l’Afrique du Sud d’attirer davantage l’attention des BRICS sur le continent, cela correspond également au besoin de la Chine de préparer le terrain pour le prochain Forum sur la coopération sino-africaine qui aura lieu l’année prochaine. La lettre ouverte de M. Xi mentionne : « Nous organiserons un dialogue des dirigeants Chine-Afrique. Je travaillerai avec les dirigeants africains pour apporter à l’Afrique des initiatives de développement plus actives, plus efficaces et plus durables, élargir la coopération dans les domaines de l’agriculture, de l’industrie manufacturière, des nouvelles énergies et de l’économie numérique, et faciliter l’intégration économique, l’industrialisation et la modernisation agricole de l’Afrique. La Chine continuera à œuvrer pour des progrès substantiels dans l’adhésion de l’Union africaine au G20 cette année, et attend avec impatience un rôle plus important des pays africains et de l’UA dans les affaires internationales et régionales. »
POURQUOI C’EST IMPORTANT: La visite de Xi révèle l’importance de l’Afrique du Sud pour les objectifs de la Chine en Afrique, dans les pays en développement et dans le rest du monde. Cette visite est également l’occasion pour le Congrès national africain au pouvoir d’améliorer son image à l’approche des élections de l’année prochaine, qui devraient être particulièrement controversées, en partie à cause du bilan exécrable du gouvernement Ramaphosa en matière de prestation de services. Les projets d’électricité conjoints avec la Chine constituent un rare point de discussion positif dans cette morosité.
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