L’un des plus grands fournisseurs chinois d’électricité, PowerChina, listé dans le Fortune 500, s’impose parmi les acteurs du secteur de l’énergie qui souhaitent proposer des solutions à la crise électrique que connait l’Afrique du Sud et qui devrait durer jusqu’en 2027.
Le pays cherche à passer à une économie manufacturière plus verte en augmentant la production d’énergie à partir de sources renouvelables en plus des centrales au charbon et d’autres sources d’énergie. La Chine a accepté de s’associer à ces efforts pour poursuivre l’industrialisation de l’Afrique du Sud, selon le ministre sud-africain du commerce, de l’industrie et de la concurrence, Ebrahim Patel.
Pour compléter ces efforts, des centrales d’énergie renouvelable voient le jour dans différentes régions du pays et PowerChina, le géant chinois de l’énergie appartenant à l’État, en profite pour étendre son empreinte dans le secteur après avoir signé un contrat pour la deuxième plus grande centrale d’énergie solaire d’Afrique du Sud.
PowerChina construira, exploitera et entretiendra une centrale solaire de 123 MW qui, une fois achevée, fournira de l’électricité à au moins 82 000 foyers. Bien qu’il ne s’agisse pas d’un projet de grande envergure, la production supplémentaire d’électricité soulagera sans aucun doute ces populations.
Cette installation sera la deuxième initiative de l’entreprise en matière d’énergie renouvelable en Afrique du Sud. Auparavant, PowerChina avait été chargée de construire une centrale solaire de 100 MW dans la région du Cap Nord, financée par la Banque africaine de développement.
Les défis de l’Afrique du Sud : passer du charbon aux énergies renouvelables
Les centrales au charbon vieillissantes et défaillantes, les investissements limités dans les sources d’énergie alternatives, la corruption et le vandalisme des systèmes de transmission d’électricité ne font qu’aggraver les problèmes actuels de délestage.
Si l’augmentation de la production d’électricité est une bonne chose pour les communautés qui subissent des délestages, les énergies renouvelables ne peuvent pas résoudre tous leurs problèmes économiques. Le secteur du charbon emploie au moins 200 000 personnes et les craintes qu’une transition vers l’énergie verte n’entraîne des licenciements massifs rendent très probable l’opposition des syndicats de travailleurs.
Cobus van Staden, rédacteur en chef du CGSP et chercheur en Afrique du Sud, déclare : « Le charbon représentant une grande partie des exportations de l’Afrique du Sud et les acteurs étant politiques puissants (à la fois en tant qu’investisseurs et syndicats), la sortie complète de ce combustible fossile et la transition vers les énergies renouvelables constituent un énorme défi. »
Il ajoute que le parti pris pour le charbon au sein du gouvernement sud-africain est important, ce qui pourrait donner un coup de pouce aux lobbies des hydrocarbures et retarder la transition verte.
Pays le plus industrialisé du continent, l’Afrique du Sud produit actuellement 42 000 MW à partir de centrales au charbon, ce qui représente environ 85 % de la production d’électricité. Une annonce surprise faite en juin 2021 par le président Cyril Ramaphosa, qui a assoupli les règles d’octroi de licences pour les producteurs indépendants d’électricité , leur permet de produire jusqu’à 100 MW chacun, ce qui, collectivement, ajoutera jusqu’à 5 000 MW au réseau d’ici à 2024.
Le pays a pour objectif de porter la production d’énergie renouvelable à 41 % d’ici à 2030 et les entreprises chinoises comme PowerChina sont bien placées pour contribuer à cette transition.
M. Van Staden ajoute : « De ce point de vue, la Chine pourrait influencer l’orientation de l’Afrique du Sud en offrant une assistance technique, des connexions avec les fournisseurs appropriés d’énergies renouvelables et des services connexes d’ingénierie, d’approvisionnement et de construction. »
POURQUOI C’EST IMPORTANT: Le projet de PowerChina n’est pas d’une grande ampleur par rapport à d’autres mégaprojets, mais il est important pour la transformation du secteur énergétique local de l’Afrique du Sud. Il accélère le rythme d’adoption des énergies renouvelables dans le pays.
Eskom, la compagnie d’électricité sud-africaine, prévoit de fermer sept centrales au charbon d’ici à la fin de 2030 et deux autres d’ici à 2035, sur un total de 15. Avec cette fermeture, PowerChina et d’autres entreprises chinoises se trouvent dans une position avantageuse pour saisir les opportunités de production d’énergie durable disponibles dans le pays.
D’autres entreprises chinoises comme Sinohydro Corporation, China Yangtze Power, Xinjiang Goldwind Science Technology et JinkoSolar Holdings ont déjà des projets d’énergie solaire dans leur portefeuille en Afrique du Sud, ce qui leur donne une longueur d’avance dans le secteur des énergies renouvelables du pays.
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