Le groupe des BRICS (Brésil, Russie, Inde, Chine et Afrique du Sud) discutera de la possibilité de créer une monnaie commune lors d’un prochain sommet à Johannesburg en août. Naledi Pandor, ministre sud-africain des affaires étrangères, a reconnu que la programmation de cette discussion avait été motivée par les appels des États membres à s’éloigner du dollar américain.
Toutefois, l’Afrique du Sud semble hésiter face aux complications d’une éventuelle monnaie des BRICS. M. Pandor a déclaré :
« C’est une question que nous devons aborder. Je ne pense pas qu’il faille toujours supposer que l’idée fonctionnera, parce que l’économie est très difficile et qu’il faut tenir compte de tous les pays, en particulier dans une situation de faible croissance lorsque l’on sort d’une crise. »
Les sanctions américaines visant les transactions en dollars ont fait de la Russie le principal défenseur de l’abandon du billet vert, les autorités chinoises préconisant quant à elles des transactions en yuans. Si le remplacement du dollar par le RMB se heurte à des obstacles structurels majeurs, son utilisation se développe bien au-delà de la Russie :
Les pays qui envisagent le commerce en yuan :
- BRÉSIL : le président brésilien Luiz Inácio Lula da Silva est devenu l’un des principaux détracteurs de l’hégémonie du dollar. L’entreprise brésilienne Suzano, premier producteur mondial de pâte à papier, envisagerait de vendre ses produits à la Chine en yuans.
- ARGENTINE : Sur fond de crise économique ayant causé une pénurie de dollars, Buenos Aires aurait payé pour 1,04 milliard de dollars d’importations chinoises en yuans en avril, et 790 millions de dollars supplémentaires sont prévus pour le mois de mai.
- THAÏLANDE : La banque centrale thaïlandaise encouragerait les entreprises à utiliser les règlements en yuan-baht pour le commerce bilatéral. Les deux pays ont renouvelé un accord d’échange de devises en 2021.
- ARABIE SAOUDITE : Lors d’une visite à Riyad en décembre, le président chinois Xi Jinping a déclaré que le Shanghai Petroleum and Natural Gas Exchange fournirait une plateforme pour les échanges d’hydrocarbures libellés en yuans avec l’Arabie saoudite. Le royaume serait en train d’explorer le commerce en RMB, mais ne s’est pas encore totalement engagé. Un changement de monnaie représenterait un changement majeur dans l’économie pétrolière mondiale.
POURQUOI C’EST IMPORTANT: La convertibilité limitée du RMB reste un obstacle important au remplacement du dollar. Toutefois, de plus en plus d’éléments indiquent que la volonté politique de trouver une alternative au dollar se renforce dans les principales économies du Sud.
LECTURE RECOMMANDÉE:
- Bloomberg: South Africa Urges Careful Debate on Option of Introducing BRICS Common Currency par Paul Vecchiatto
- South China Morning Post: Explainer: Which 8 Countries are Using China’s Yuan More, and What Does It Mean for the U.S. Dollar? Par Andrew Mullen