Alors que la guerre civile au Soudan menace de se transformer en conflit régional, elle pourrait emporter avec elle une part importante du financement chinois.
Des prêts chinois au Soudan d’une valeur d’au moins 5 milliards de dollars sont aujourd’hui menacés alors que des centaines de milliers de Soudanais fuient et que le conflit fait rage dans la capitale, Khartoum.
La banque centrale soudanaise estime qu’elle doit 5,12 milliards de dollars à la Chine, mais ce montant n’inclut pas les facilités de prépaiement du pétrole, c’est-à-dire les prêts qui seront remboursés en pétrole.
L’étendue de ces accords n’est pas connue, mais le Financial Times indique que la compagnie pétrolière nationale soudanaise doit probablement au moins 2,5 milliards de dollars supplémentaires.
Le centre de recherche AidData a constaté que les entités chinoises ont prêté 15,5 milliards de dollars au Soudan au cours des années 2010, et 4,7 milliards de dollars supplémentaires au Sud-Soudan, qui s’est séparé du Soudan en 2011.
Effets d’entraînement
- DÉFAUT DE PAIEMENT : le Soudan est déjà en retard dans le remboursement de ses prêts, y compris à l’égard des bailleurs de fonds chinois. Les paiements en souffrance et les pénalités représentent désormais 140 % du produit intérieur brut du Soudan. Le conflit a complètement fait échouer un programme de réforme soutenu par le FMI.
- CONFLIT RÉGIONAL : La guerre au Soudan porte un coup sérieux aux tentatives antérieures de rétablissement de la paix de la Chine dans la Corne de l’Afrique et à l’image plus large de son modèle de rétablissement de la paix axé sur le développement, qui a joué un rôle important dans les tentatives antérieures de médiation au Sud-Soudan [PDF]. En attendant, les observateurs préviennent que le conflit pourrait se transformer en » une spirale de feu » attirant des États régionaux comme l’Égypte et la Libye, ainsi qu’un groupe d’acteurs internationaux imprévisibles comme les Émirats arabes unis et le groupe Wagner de la Russie.
POURQUOI C’EST IMPORTANT: Le conflit soudanais révèle l’aversion de la Chine à s’impliquer dans des processus de médiation risqués et compliqués. Mais une décennie de prêts a déjà plongé Pékin au cœur du conflit, sans qu’il soit possible d’en sortir facilement.
LECTURE RECOMMANDÉE:
- FT: Sudan Conflict Delivers Fresh Blow to China’s African Lending Strategy by James Kynge and Andres Schipani
- Responsible Statecraft: The Conflict in Sudan Threatens to Devolve into a Regional Maelstrom by Alex de Waal