La marine de pêche lointaine chinoise affecte de plus en plus les économies côtières de l’ensemble des pays du Sud. Avec environ 17 000 navires, la Chine possède la plus grande flotte de pêche en haute mer du monde.
Elle opère dans une zone grise juridique, transportant des milliers de tonnes de produits marins depuis les eaux internationales du monde entier, souvent grâce aux subventions accordées par les gouvernements provinciaux chinois désireux d’atteindre leurs objectifs de production.
Alors que les conflits avec les communautés locales de pêcheurs dans des régions comme la mer de Chine méridionale ont attiré l’attention de la presse, ces flottes épuisent les stocks de poissons bien plus loin. Ce faisant, elles affectent des communautés de pêcheurs très anciennes, qui finissent souvent par migrer face à la diminution des stocks de poissons.
La Chine est loin d’être le seul pays responsable de la surpêche. Taïwan, le Japon, la Corée du Sud et l’Espagne sont également de grands responsables. Mais l’ampleur de l’économie chinoise fait que son impact est tout aussi considérable. Deux nouveaux rapports d’enquête ont analysé cet impact sur les communautés locales.
L’impact local de la marine de pêche chinoise
- GHANA : Une étude menée par les autorités ghanéennes de la pêche a révélé que les captures de sardinelles, d’anchois et de maquereaux, qui sont au cœur des économies de la pêche en Afrique de l’Ouest, ont diminué de 60 % en 2019 par rapport à 1993. Les navires de pêche chinois opérant dans le golfe de Guinée désactivent fréquemment (illégalement) leurs transpondeurs pour éviter d’être repérés par le gouvernement. Pendant ce temps, les économies de pêche côtière s’érodent, avec une augmentation de la faim et une migration croissante. (THE TELEGRAPH)
- ARGENTINE : des « villes flottantes » comptant jusqu’à 600 navires utilisent des lumières pour attirer le plancton à la surface afin de capturer d’énormes quantités de calamars dans les eaux internationales au large des côtes argentines. 80 % de ces navires battent pavillon chinois. Les responsables locaux se plaignent que les flottes chinoises pêchent pendant toute la durée de vie du calmar, ne laissant pas à l’espèce le temps de se reconstituer entre les saisons, ce qui entraîne un effondrement général des stocks de calmar. (DIALOGO AMERICAS)
POURQUOI C’EST IMPORTANT: Les subventions nationales et l’indifférence apparente à l’étranger se conjuguent pour faire de la pêche lointaine chinoise une menace pour les communautés côtières de l’ensemble du Sud. Avec le changement climatique, ce phénomène est susceptible d’alimenter l’effondrement des économies côtières et, partant, les migrations de masse.
LECTURE RECOMMANDÉE:
- Dialogo Americas: Chinese Fishing Vessels ‘Floating Cities’ Prey on Latin American Seas par Guillermo Saavedra
- The Telegraph: ‘They Are Stealing What Should Be Ours’: Chinese Trawlers Are Emptying West African Fishing Grounds par Torbjörn Wester



