Les participants au Mining Indaba de la semaine prochaine au Cap, la plus grande conférence minière d’Afrique qui débute lundi, disent qu’ils s’attendent à un nouveau degré d’urgence de la part des parties prenantes américaines et européennes qui souhaitent trouver des moyens de briser l’emprise de la Chine sur des matières premières stratégiques comme le cobalt et le lithium.
Au Mining Indaba de l’année passée, Jose Fernandez, sous-secrétaire d’État américain à la croissance économique, à l’énergie et à l’environnement n’avait pas hésité à lancer des piques – sans la mentionner – à la Chine, dénonçant les dangers environnementaux des miniers chinois et proposant de faire « la course vers le haut avec l’Afrique et non un nivellement vers le bas »
Tony Caroll, organisateur du Mining Indaba et directeur d’Acorus Capital, a résumé l’état d’esprit dans une chronique au ton tranchant publiée cette semaine dans le journal sud-africain Daily Maverick : « Avec l’administration Biden et l’UE qui investissent désormais du capital politique dans le succès des entreprises nationales d’énergie verte, l’Afrique n’a jamais été aussi essentielle économiquement pour l’Occident. »
S’il existe un large consensus dans les capitales occidentales sur le fait qu’elles doivent faire quelque chose pour briser le contrôle de la Chine sur la chaîne d’approvisionnement des matières premières nécessaires à la fabrication des batteries des véhicules électriques, le problème est toutefois que l’on ne voit pas très bien ce que les rivaux de Pékin peuvent faire pour rattraper leur retard étant donné l’avance apparemment écrasante de la Chine :
- L’EXPLOITATION MINIÈRE ET LA TRANSFORMATION : Les entreprises chinoises dominent l’essentiel de la chaîne d’approvisionnement pour l’extraction et le traitement du cobalt, du cuivre et du lithium, entre autres métaux. Pour le seul cobalt, les entreprises chinoises détiennent une part de 80 % des marchés de l’extraction et du traitement.
- LA FABRICATION DE BATTERIES : Les entreprises chinoises représentent les trois quarts de la capacité mondiale de fabrication de batteries pour véhicules électriques, soit dix fois plus que les États-Unis et la Pologne respectivement, leurs plus proches concurrents occidentaux. Combler rapidement cet écart va constituer un énorme défi.
POURQUOI EST-CE IMPORTANT ? Trop souvent, la rhétorique de Washington et de Bruxelles sur la nécessité de se séparer des chaînes d’approvisionnement chinoises est motivée par des considérations politiques plutôt que par la réalité. En effet, les pays occidentaux ne disposent pas actuellement de l’infrastructure nécessaire pour s’opposer de manière significative à la domination de la Chine dans le domaine de l’extraction et du traitement des minéraux essentiels.
LECTURE RECOMMANDÉE :
- Daily Maverick: Mining Indaba comes at critical time for West as China expands grip on Africa’s rare minerals par Tony Carroll
- The Guardian : EU ‘could end reliance on China for electric car batteries by 2030’ par Alex Lawson