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L’accord de Sinosteel fait débat au Cameroun

Le ministre camerounais des mines, de l'industrie et du développement technologique, Gabriel Dodo Ndoke (à droite, devant), et le directeur général de Sinosteel Cam S.A., Zheng Zhenghao.

Au début du mois de mai, le gouvernement camerounais signait un accord avec la compagnie chinoise Sinosteel pour l’exploitation du gisement de fer de Lobé.

La compagnie d’Etat Sinosteel compte y investir 675 millions $ US et produire 4 millions de tonnes de concentrés; ce qui devrait générer à l’Etat camerounais près de 38 millions $ US par an.

Cependant, depuis sa signature, le contrat suscite polémiques et remous au sein de la classe politique camerounaise qui en conteste les contours et accuse le gouvernement camerounais d’avoir bradé les actifs miniers du Cameroun.

Au parlement, les députés du Front Social Démocrate, parti de l’opposition, ont exigé une enquête parlementaire. Le député Jean-Michel Nitcheu dénonce ce qu’il a appelé un crime financier :

« Sur le plan financier, il s’agit d’un crime économique. Une véritable incitation à la révolte. Un tour de passe-passe mafieux.  L’entreprise Sinosteel CAM SA qui prévoit extraire 10 millions de tonnes de fer par an investira 420 milliards de FCFA au Cameroun dans le cadre de ce projet minier. »

Jean-Michel Nintcheu, Député SDF – Actu Cameroun

Au niveau technique, certains experts parlent de « supercherie chinoise« . L’expert Youmssi Bareja craint que les réserves présentées par Sinosteel aient été sousestimées:

« Connaissant les multinationales et leur mode de fonctionnement (j’ai eu la chance de travailler pour des multinationales minières à des postes de responsabilités). Elles ont toujours tendance à cacher les informations sur les gisements qu’elles découvrent  et les Chinois sont des experts en tricherie minière. »

Dr Youmssi Bareja, Expert minier camerounais – Actu Cameroun

Au niveau du gouvernement, le ministre des mines dénonce une campagne mensongère et appelle les acteurs politiques à y mettre fin

« Il n’est pas possible, ces simulations qui ont été faites, qu’elles ne tiennent pas compte des dépenses effectuées pendant la phase de recherche, qu’elles ne tiennent pas compte des charges de tous ordres que ce soit de l’exploitation, qu’elles ne tiennent pas compte ces simulations, de tout ce que le Cameroun gagne effectivement.  Dire simplement et de manière tranchée en calcul arithmétique dans une activité minière ce qu’on peut gagner de manière simpliste serait de très mauvaise foi. Et je voudrais appeler les uns et les autres à l’arrêter. »

Gabriel Dodo Ndoke, Ministre des mines du Cameroun – BBC

L’ambassade de Chine au Cameroun a salué les prises de positions du gouvernement camerounais sur la question.

Et de son côté, Le journal chinois Global Times, proche du parti communiste chinois, n’a pas hésité d’accuser les médias occidentaux de grossir un débat sans fondement.

Ce débat reflète la méfiance du public et des acteurs politiques vis-à-vis de la gouvernance minière au Cameroun. Dans un pays classé parmi les plus corrompus au monde, un accord de cette envergure, impliquant des compagnies chinoises qui trainent une réputation d’opacité dans leurs investissements miniers en Afrique, ne peut que susciter des remous.

Il revient donc à Sinosteel et au gouvernement camerounais de jouer la carte de la transparence afin de lever toute équivoque.

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