Il existe une étrange dynamique entre chinois et australiens dans les mines en Afrique où ils semblent appliquer le principe de « cooperate where possible, compete where needed, confront where necessary » Trois sociétés australiennes sont actuellement en prise avec des gouvernements africains et sociétés chinoises sur des projets miniers sur le continent.
- Au Cameroun et au Congo Brazzaville: la junior australienne Sundance d’une part, accuse le consortium AustSino et BestWay d’avoir illégalement obtenu le permis d’exploitation de la mine de fer de Mbalam-Nabeba et de l’autre réclament des compensations en milliards de dollars auprès des gouvernements congolais et camerounais pour la « déchéance illégale » de ces titres dans les deux pays. Ce projet minier situé à la frontière congolo-camerounaise avait été arraché à Sundance par les autorités camerounaises et congolaises pour être réattribué au consortium AustSino-Bestway au Cameroun et Sangha Mining, lié à Bestway, au Congo-brazzaville.
- Congo Brazzaville: c’est une autre société australienne, Equatorial Ressources qui réclame 1.1 milliard de dollars US de dédommagement pour « l’expropriation » en 2020 de son permis de la mine de fer de Badondo et sa réattribution à Sangha Mining.
- Finalement, en R.D. Congo, c’est depuis 2022 qu’AVZ Minerals est en conflit avec la société publique Cominière et le géant chinois Zijin Mining autour du projet de lithium de Manono; précédemment, elle avait conclu un accord d’investissement de 240 millions de dollars sur le chinois CATH pour le même projet.
Cependant au milieu de ces passes d’armes, et malgré leur antériorité, chinois et australiens continuent de conclure des partenariats miniers sur le continent.
- En Namibie, c’est le géant chinois Huayou Cobalt qui vient d’investir 2.5 millions de dollars dans l’exploration du lithium de l’australien Askari Metals.
- Au Zimbabwe, c’est encore Huayou Cobalt qui avait acquis, pour 422 millions de dollars, la mine de lithium d’Arcadia, l’une des plus grandes au Zimbabwe, auprès de l’australien Prospect Ressources en 2022.
- En Guinée, C’est la junte guinéenne qui a su imposer une coopération entre les consortiums sino-singaporien WCS et australien Rio Tinto Simfer, dans lequel on retrouve le chinois Chinalco et Baowu, pour développer le projet de fer de Simandou.
Si ces rivalités sino-australiennes sur les projets miniers de fer en Afrique font écho aux tensions commerciales entre l’Australie et la Chine et depuis, à la volonté de Pékin de réduire sa dépendance au fer australien; la véritable la surprise vient de la coopération constatée sur des projets de lithium alors que les gouvernements occidentaux sont inquiets de la domination chinoise dans ce secteur.