Les internautes chinois se moquent des Japonais lorsque Tokyo a annoncé vouloir accueillir des migrants africains pour revitaliser des villes dépeuplées.
Le gouvernement japonais a présenté, lors de la 9e Conférence internationale de Tokyo sur le développement de l’Afrique (TICAD), un programme de « visa spécial pour talents » destiné à attirer des migrants venus du Nigeria, de Tanzanie, du Ghana et du Mozambique. Quatre villes – Kisarazu (Chiba), Nagai (Yamagata), Sanjo (Niigata) et Imabari (Ehime) – ont été désignées comme « secondes patries » pour accueillir ces nouveaux arrivants, dans l’objectif de répondre à la pénurie de main-d’œuvre et au déclin démographique.
Sur Bilibili, un commentateur a relayé les inquiétudes de Japonais craignant que le pays ne connaisse le sort de certaines nations européennes, où l’immigration a parfois été associée à des tensions sociales. Selon lui, « les citoyens ordinaires supporteraient les coûts sociaux et culturels, tandis que les élites politiques en récolteraient les bénéfices ». Il a ajouté : « Même l’Europe, après des siècles d’échanges culturels, peine à réussir l’intégration. Pour des sociétés homogènes d’Asie de l’Est, le risque et le rejet pourraient être encore plus forts. »
La vidéo allait plus loin, insinuant que la politique visait à encourager les mariages mixtes entre hommes africains et femmes japonaises, ironisant sur le fait que le Japon était « en avance sur son temps » et fidèle à l’esprit d’avoir jadis inventé le personnage du « samouraï noir » fictif.
Cette remarque a touché une corde sensible en Chine, car elle renvoie à un dilemme croissant : face à l’effondrement des taux de natalité, l’expérience japonaise pourrait préfigurer les choix auxquels Pékin sera confronté. Le commentateur a d’ailleurs comparé le Japon à la Corée du Sud, où la fécondité avait atteint un niveau historiquement bas en 2023, avant de remonter légèrement en 2024 grâce à des réformes du travail et à un soutien massif aux familles (garderie gratuite, limitation stricte des heures supplémentaires, primes généreuses à la naissance). Mais la viabilité financière de ces politiques reste incertaine.
POURQUOI C’EST IMPORTANT: Ces réactions en ligne traduisent bien plus qu’un simple plaisir moqueur face aux difficultés démographiques du Japon. Elles révèlent un tabou persistant en Chine autour des mariages de femmes chinoises avec des étrangers – en particulier des Africains – et des stéréotypes négatifs sur la communauté africaine installée de longue date à Guangzhou. Le contraste est frappant : alors que Pékin vante la « fraternité sino-africaine » sur la scène diplomatique et économique, une partie de l’opinion publique continue de percevoir les liens intimes et quotidiens avec des Africains comme honteux ou dégradants.
Cette tension met en lumière un paradoxe : une confiance expansionniste à l’extérieur et une anxiété culturelle à l’intérieur, où la chute de la natalité pourrait, à terme, contraindre la Chine à affronter les mêmes dilemmes migratoires qu’elle raille aujourd’hui au Japon.






 
							 
							
