La destination internationale la plus convoitée par les équipages de China Southern Airlines n’est pas un lieu glamour en Europe ou aux États-Unis, mais… l’Afrique. C’est ce qu’a récemment confié une hôtesse de l’air sur la plateforme vidéo chinoise Bilibili.
En 2015, à l’apogée de son expansion internationale, la compagnie a marqué l’histoire en lançant la première liaison commerciale directe entre la Chine et l’Afrique : Guangzhou–Nairobi. Jusque-là, les voyageurs chinois à destination de l’Afrique de l’Est devaient souvent transiter par Hanoï, Bangkok, Dubaï ou Doha, rallongeant considérablement le trajet. La ligne était jugée si prioritaire que, bien avant leur prise de fonction, les nouvelles recrues anglophones en uniforme « Perle bleue » étaient envoyées faire une demande de passeport officiel, recevoir le vaccin contre la fièvre jaune et suivre une préparation spécifique à l’Afrique.
Au sein de l’équipage, la ligne de Nairobi s’est rapidement forgé la réputation de « route rentable », prisée pour ses rémunérations et avantages hors normes. Selon l’hôtesse, ce vol signifiait double charge horaire, double indemnité de nuitée et escales prolongées – généralement cinq à sept jours. L’hébergement se faisait dans des hôtels cinq étoiles, repas inclus, avec même la possibilité de se restaurer en cuisine chinoise ou de déguster un hotpot pour atténuer le mal du pays. Elle a partagé des fiches de paie montrant qu’un seul aller-retour vers Nairobi lui rapportait environ 4 400 yuans (611 dollars) en heures de vol, plus une indemnité de 630 dollars, bien plus que les 2 000 yuans (278 dollars) et 135 dollars offerts pour l’Australie.
Même si la compagnie a réduit ces primes ces dernières années, Nairobi demeure l’une des lignes les plus recherchées, perçue comme une sorte de « rotation bien-être ».
Son attrait tient aussi aux passagers. Contrairement à la clientèle souvent exigeante des vols transatlantiques, ceux de la ligne Nairobi – un mélange de voyageurs africains, de travailleurs chinois expatriés et de quelques touristes – se montrent discrets, polis, parfois même hésitants à demander quoi que ce soit, pensant que nourriture et boissons sont payantes. Lorsqu’on leur assure que tout est gratuit, leur gratitude sincère rend le service plus agréable.
POURQUOI C’EST IMPORTANT: Ce témoignage rare ouvre une fenêtre sur l’envers du monde aérien chinois, montrant comment les compagnies ont su motiver leurs équipages sur de nouvelles lignes jugées risquées, et comment l’Afrique, plutôt que l’Occident, s’est imposée comme destination phare et inattendue pour les hôtesses et stewards chinois.




