Power Construction Corporation of China, une entreprise publique chinoise a, la semaine dernière, interrompu avec le succès le flux du fleuve Nyabarongo, marquant le début de la principale phase de construction du projet polyvalent Nyabarongo II, d’une valeur de 214 millions de dollars, au Rwanda.
Dans la quête du pays pour plus d’énergie renouvelable pour répondre à la demande, le projet réalisé par PowerChina est le plus grand développement hydroélectrique financé par le gouvernement chinois dans ce pays d’Afrique de l’Est. C’est également l’un des projets clés des « huit plans d’action majeurs » du Sommet de Pékin 2018 du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC).
Nyabarongo II est financé par un prêt concessionnel de la China Exim Bank, représentant plus de la moitié de l’emprunt total de Kigali auprès de la Chine depuis 2015 et une petite part de la dette publique totale de 8,9 milliards de dollars du Rwanda.
Ce mois-ci, le ministère des Finances et le Fonds saoudien pour le développement (SFD) ont signé un prêt concessionnel de 20 millions de dollars pour des systèmes de transmission qui connecteront quelque 60 000 ménages dans les provinces du Sud et du Nord. Le Nyabarongo se trouve dans la province du Nord et pourrait probablement voir son électricité distribuée par le biais de ces réseaux de distribution nouvellement financés.
Le projet polyvalent Nyabarongo II est situé à une vingtaine de kilomètres de Kigali, entre les districts de Gakenke et de Kamonyi, sur la rivière Nyabarongo. Lorsqu’elle sera pleinement opérationnelle, la nouvelle centrale produira 43,5 mégawatts d’électricité qui pourra alimenter au moins 43 000 foyers et fournira également de l’eau pour la consommation domestique et l’irrigation, tout en atténuant les inondations en aval.
Nyabarongo II arrive alors que l’hydroélectricité n’a plus la cote au niveau mondial
L’hydroélectricité est l’un des secteurs que le Rwanda Development Board (RDB) met en avant parmi plusieurs autres possibilités de production d’énergie renouvelable, à côté des systèmes solaires individuels pour les ménages et autres utilisateurs.
L’exploitation de sources d’énergie renouvelables fiables contribuerait à réduire les dépenses du pays en carburant. Toutefois, il faudra un certain temps avant que cela ne se concrétise, car les projets hydroélectriques nécessitent de longues périodes de construction et des coûts d’investissement élevés avant d’être mis en service.
En outre, la production d’énergie hydroélectrique est confrontée à un avenir incertain en raison de l’incertitude des conditions météorologiques, notamment les sécheresses et les inondations.
Les effets du changement climatique assombrissent les perspectives de l’hydroélectricité dans le monde entier, car les rivières s’assèchent ou s’inondent, ce qui compromet la production d’énergie.
Au Rwanda, les effets dévastateurs d’un climat imprévisible se manifestent par de graves inondations et glissements de terrain. De plus en plus fréquents, ces phénomènes constituent une menace non seulement pour le Nyabarongo II, mais aussi pour d’autres projets hydroélectriques et différents secteurs économiques.
Ailleurs, en Zambie et au Zimbabwe, la sécheresse a fait chuter les niveaux d’eau à des niveaux extrêmement bas au barrage hydroélectrique de Kariba, entraînant de graves coupures d’électricité qui ont duré plusieurs semaines.
L’année dernière, la Chine a ajouté 24 gigawatts (GW) de capacité hydroélectrique, mais la sécheresse a réduit l’efficacité des générateurs d’énergie hydroélectrique, ce qui a conduit le pays à dépendre davantage de l’électricité produite à partir du charbon après que la chute de la production d’énergie hydroélectrique dans les provinces du sud.
Au niveau mondial, l’utilisation des centrales diminue en raison de sécheresses persistantes dans des pays comme le Canada, les États-Unis, la Turquie et l’Europe de l’Ouest.
POURQUOI C’EST IMPORTANT: Les effets du changement climatique joueront un rôle majeur dans l’efficacité de ce projet au Rwanda, dont les projets énergétiques sont censés favoriser le développement économique et social. Pour atteindre l’objectif d’un accès à 100 % à l’électricité d’ici à 2024, le pays fait appel à divers acteurs pour financer ses projets énergétiques, ce qui accroît son portefeuille de prêts. Pour la Chine et les autres financiers, la question de la dette sera intéressante à suivre. La nature hautement concessionnelle de la dette chinoise au Rwanda se traduit par des paramètres d’accessibilité favorables. Toutefois, si la nature des prêts change, la situation sera tout à fait différente. L’évolution de cette combinaison de facteurs déterminera le flux de financement étranger au Rwanda.
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