L’administration Biden présente le combat avec la Chine pour l’influence dans le Sud comme une lutte entre la démocratie et l’autocratie. Les deux parties affirment que leurs systèmes favorisent le développement. Le résultat est que le champ de développement de l’Afrique est de plus en plus entravé par des considérations géopolitiques.
La chercheuse, Stella Hong Zhang, experte des relations sino-africaines, titulaire d’une bourse postdoctorale sur la politique publique chinoise à la Kennedy School of Government de Harvard, a récemment apporté à cette discussion une nuance rare sur le terrain.
Se référant à un récent voyage au Nigeria, Zhang a fait valoir que, par rapport à la rhétorique américaine, les Nigérians sont étonnamment cyniques à l’égard de la démocratie :
« Pour être clair, un tel cynisme ne peut pas constituer un acte d’accusation sur les mérites intrinsèques de la démocratie ; il reflète plutôt la frustration face à la réalité d’une démocratie sous-développée dans ces pays qui ne parviennent pas à répondre aux besoins de développement, ainsi que la frustration face à l’attention insuffisante accordée à ces problèmes spécifiques aux pays en développement par l’Occident, dans son discours de promotion de la démocratie et dans sa compétition avec la Chine. »
Résoudre le casse-tête « Démocratie vs développement ».
- RICHES V. PAUVRES : « L’absence d’institutions solides préservant la démocratie, combinée au manque d’opportunités économiques, signifie que dans de nombreux pays en développement, l’achat de voix est devenu une pratique répandue dans la mobilisation électorale. Ayant dépensé des millions pour être élus, les politiciens peuvent difficilement résister à l’envie de récupérer leur investissement par la corruption ou même par des pratiques prédatrices envers les entreprises. Dans ce contexte, la politique électorale est perçue comme un jeu de riches et il y a peu de confiance dans le fait que les politiciens s’investissent dans des programmes de développement qui donnent véritablement du pouvoir aux pauvres.”
- ÊTRE RÉALISTES : « Je pense que nous devons répondre aux besoins de développement des pays à faible revenu, tout d’abord en reconnaissant que les faiblesses existantes de leurs systèmes démocratiques peuvent produire des résultats anti-développement qui peuvent saper la confiance dans la démocratie. En effet, lorsque les gens sont désespérés, nous ne devrions pas leur reprocher de rêver d’une alternative idéalisée – dans ce cas, un régime autoritaire bienveillant, transcendant et capable de briser les intérêts particuliers et de pousser à des réformes radicales. Pour certains, la Chine remplit ce rôle. Malheureusement, c’est un fantasme qui déçoit dès qu’il devient réalité.”
- L’IMPLICATION DES DÉMOCRATIES : « Le développement économique étant le domaine dans lequel la Chine s’est le plus investie, il est nécessaire de démontrer que les riches démocraties se soucient également du développement des pays à faible revenu. En outre, elles doivent contribuer activement à la recherche de solutions aux défis interdépendants que représentent la faiblesse de la démocratie et les faibles niveaux de développement économique.”
Lire l’article complet sur le site du Democracy Paradox (en anglais)