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Nouvelle escalade entre la Gécamines et China Molybdenum en R.D.Congo

Opinions et perceptions de la présence chinoise dans les mines de cuivre et cobalt en RDC
Vue aérienne de la mine Tenke Fungurume en République démocratique du Congo, l'une des plus grandes mines de cobalt et de cuivre du pays, aujourd'hui au centre d'un âpre conflit entre ses propriétaires.

La saga Gécamines vs China Molybdenum (CMOC), en République Démocratique du Congo, nous a offert un nouvel épisode cette semaine. 

Un épisode qui confirme davantage les frustrations grandissantes de la Gécamines qui jour après jour hausse le ton dans ce bras de fer au dénouement incertain. Incertain d’autant plus que les deux parties ne lésinent pas sur les moyens pour faire avancer leurs cartes. 

On se souviendra de comment CMOC était parvenu, après une rencontre avec le premier ministre congolais, à obtenir la suspension de la procédure judiciaire initiée contre elle par la Gécamines qui, en février, avait obtenu auprès d’un tribunal de Lubumbashi la nomination d’un administrateur provisoire de la mine de TFM.  

Ce qui paraissait être une victoire significative pour CMOC ne s’est finalement avéré être qu’un simple report puisque quelques semaines plus tard, la ministre congolaise de la Justice confirmait et ordonnait l’exécution de la décision du tribunal de Lubumbashi

L’entrée en fonction de l’administrateur intérimaire ne s’est pourtant pas faite sans résistance de CMOC qui a fait intervenir ses réseaux politiques pour obtenir la protection éléments des forces de sécurité congolaise face à la Gécamines. 

Installé, l’administrateur confirme le contrôle effectif des comptes bancaires de la mine tout en reconnaissant le non-contrôle de la production de la mine. 

Et voilà qu’en début de semaine il ordonne à CMOC de suspendre toutes les opérations de marketing et d’exportation du projet TFM. A ce stade alors que CMOC confirme avoir le contrôle des opérations, rien n’indique que l’administrateur provisoire n’ait le contrôle sur le site minier. 

Si la Gécamines rencontre des obstacles à prendre le contrôle effectif de la mine, elle peut cependant agir à travers la justice et obtenir une décision judiciaire empêchant la sortie du territoire congolais des camions de CMOC. Une décision face à laquelle CMOC n’aura que très peu d’options. 

Son contrôle affirmé de la mine étant en violation de la décision de justice, il est très peu probable qu’elle fasse recours à cette même justice pour obtenir la levée de cette mesure.  

La solution pour elle ne pourrait-être que politique. Et elle n’est certainement pas à court d’allies ou de soutien politiques congolais qui pourraient faire plier l’appareil de l’état en sa faveur. 

À ce stade du conflit, on ne peut que se demander quel est l’avenir, si un avenir est encore possible, de ce partenariat. Les responsables de la Gécamines ont déjà clairement fait savoir qu’une dissolution n’est pas à exclure.

Du côté chinois, c’est l’ambassadeur chinois en RDC qui réaffirmait dans une interview que la dissolution n’était aucunement souhaitable pour les deux parties.

Quelques questions à considérer : 

  • Jusqu’où ira CMOC ? Les soutiens politiques obtenus jusque-là lui ont permis de faire le dos rond et de maintenir un certain contrôle sur la situation. Avec les récentes victoires de Gécamines, on pourrait se demander jusqu’où peuvent aller les alliés politiques congolais de CMOC. Iront-ils dans la défiance de l’appareil d’État congolais ? A moins d’un soutien politique direct ou d’un laisser-faire du président congolais, son bras de fer face à la Gécamines ne saurait tenir longtemps. 
  • Quid des gouvernements congolais et chinois ? Après son rôle actif sur ce dossier, l’exécutif congolais, de la présidence au gouvernement congolais, s’est muré dans le silence. Ce sont les officiels de la Gécamines qui ont pris le relais de la communication. Ceci dans une certaine volonté de casser la perception selon laquelle CMOC faisait face à l’État congolais et non à la Gécamines comme entreprise. Le différend doit demeurer une affaire entre entreprises et non un problème gouvernemental. 

Du côté chinois, nous savons que le gouvernement chinois suit le dossier de près et ce avec raison. TFM c’est 14% de la production mondiale de cobalt. 

Si la situation venait à s’envenimer, se permettront-ils de rester longtemps spectateurs ? Par son potentiel TFM va au-delà d’un simple conflit entre deux entreprises d’États… c’est une question d’intérêts politiques et économiques majeurs pour lesquels il faudra que des options politiques soient levées entre les deux gouvernements. 

  • Et si un autre opérateur chinois récupérait TFM ? Ceci pourrait être une option que les deux parties pourraient et peut-être devraient considérer. Le rachat des parts de CMOC par une autre entreprise chinoise, déjà présente dans le secteur minier congolais, pourrait garantir les intérêts congolais et chinois. Le conflit entre les responsables de CMOC et de la Gécamines semblent avoir atteint le point de non-retour où toute franche collaboration future devient difficile. 

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