La perspective d’une vente de 75 % des parts de Glencore dans sa mine de cuivre et cobalt de Kamoto Copper Company (KCC), en République démocratique du Congo (RDC), pourrait faire l’objet d’une nouvelle diplomatie américaine de l’ombre qui pourrait tenter d’empêcher l’acquisition de ces parts par une entreprise chinoise. Les États-Unis ne seront pas à leur première tentative dans le pays.
Depuis plusieurs années, Washington tente autant que possible d’affaiblir la mainmise de Pékin dans le secteur du cuivre et du cobalt congolais. Depuis 2024, elle pèse de tout son poids sur la Gécamines pour empêcher l’acquisition de la mine de l’indien CHEMAF par le Chinois Norin Mining, filiale minière du géant de l’armement chinois Norinco. En juillet dernier, Bloomberg annonçait la possible reprise de l’actif minier par un consortium d’entreprises américaines.
La sortie de Glencore sur le projet KCC pourrait en effet offrir une opportunité aux Etats-Unis de revenir sur dans le secteur du cuivre et cobalt congolais. Secteur qu’ils avaient déserté depuis la vente de Tenke Fungurume Mining et Kisanfu Mining par FreePort MacMoran au chinois CMOC, devenu depuis le premier producteur mondial de cobalt.
Une réacquisition de KCC permettra d’acquérir l’une des plus importantes mines de cuivre-cobalt en activité qui se retrouvent rarement sur le marché. Quoi de plus normal donc que cette transaction attire donc immédiatement l’attention de Washington et de Pékin, tant le cobalt et le cuivre restent centraux dans la transition énergétique.
Pour Washington, à défaut de garantir une acquisition directe, l’enjeu pourrait consister à pousser pour une entreprise perçue comme pro-américaine à acquérir le projet. En cas de difficulté financière, l’administration américaine pourrait éventuellement apporter le soutien financier nécessaire à cette opération.
Pour les entreprises chinoises, l’opportunité est bien trop belle pour ne pas la considérer. Cependant l’environnement politique et minier congolais semble ne pas leur être favorable ces dernières années. Même si elles venaient à présenter une offre financière solide, il est bien possible que l’autre partenaire dans KCC, l’entreprise minière publique la Gécamines, y oppose son veto.
En RDC, le gouvernement congolais et la Gécamines pourraient bien en effet souscrire à cette approche – pas de repreneur chinois. Depuis plusieurs années déjà, la direction de la Gécamines, sans adopter une posture anti-chinoise, a souligné à plusieurs reprises qu’il n’était pas sain de placer tous les actifs stratégiques de cuivre et de cobalt congolais dans l’unique panier des Chinois. Diversifier les investisseurs répond à une volonté de réduire la dépendance et les risques et de maximiser les leviers diplomatiques. Ce qui explique notamment sa ferme opposition au rachat de Chemaf par le Chinois Norin.
Quant au gouvernement congolais, en pleine négociation avec l’administration Trump dans le dossier de la rebellion du M23 dans l’est du Congo, et alors qu’un accord économique trilateral se prépare entre les Etats-Unis, la RDC et le Rwanda, les autorités de Kinshasa pourraient bien aussi s’opposer à toute forme de transaction qui impliquerait une entreprise chinioise dans le but de ne pas courroucer Washington.
Du côté de Glencore, le choix de son retrait semble motivé par une multitude de facteurs. Le groupe traverse une séquence difficile : pertes financières, dépréciations d’actifs, relations tendues avec le fisc congolais et gel de comptes bancaires. Dans ce contexte, la récente hausse de 60 % du prix du cobalt, conséquence du régime d’interdictions imposé par Kinshasa, pourrait offrir une fenêtre de sortie avantageuse pour ses actionnaires. Vendre aujourd’hui, sortir d’un marché qui semble de plus en plus instable, permettrait de limiter les risques tout en capitalisant sur la remontée des cours.
En définitive, la cession des parts de Glencore sur KCC, si elle venait à se concrétiser, verait la venue d’un nouvel acteur dans le secteur du cupro-cobaltifere congolais.



