Fin novembre, le ministère chinois des Affaires étrangères a émis un avertissement sévère concernant la République démocratique du Congo : la situation sécuritaire à l’est du pays s’est fortement détériorée, marquée par une recrudescence des affrontements armés, de l’activité d’extrémistes et des attaques contre des travailleurs étrangers.
Le Congo occupe une position centrale dans la chaîne d’approvisionnement mondiale en cuivre et en cobalt. Des dizaines d’entreprises minières et commerçantes chinoises (Zijin, CMOC, Huayou, Minmetals, Jinchuan, China Nonferrous, China Railway Resources, etc.) y exploitent déjà d’importants projets à travers le pays.
Une récente analyse publiée sur un compte WeChat spécialisé dans le suivi des tendances minières mondiales examine les impacts potentiels de cette insécurité sur les entreprises minières chinoises, sous un angle géographique. La plupart des opérations chinoises de cuivre et de cobalt se trouvent dans l’extrême sud du pays, regroupées autour des provinces de Lualaba et du Haut-Katanga.
Le projet Kamoa–Kakula de Zijin Mining constitue le plus grand gisement de cuivre à haute teneur d’Afrique, avec des réserves prouvées de 43,69 millions de tonnes de cuivre. Il a produit 437 000 tonnes en 2024 et prévoit d’augmenter sa production à 520 000–580 000 tonnes en 2025, en faisant l’une des bases cuprifères les plus stratégiques de Zijin. La mine est située à Kolwezi, dans la province du Lualaba, au sud de la RDC, loin de la « zone de guerre » orientale, mais si le conflit devait s’étendre, les routes de transport servant à expédier le concentré de cuivre pourraient être perturbées, compromettant potentiellement la production.
Toujours dans le sud du Lualaba se trouvent la mine de cuivre de Kolwezi de Zijin, les projets cuivre-cobalt TFM et KFM de CMOC, ainsi que le projet PE527 de Huayou Cobalt.
Le projet cuprifère Lonshi (Longxi) de JCHX est situé dans la province du Haut-Katanga. Sa section ouest est entrée en production au quatrième trimestre 2023, avec une capacité annuelle d’environ 40 000 tonnes de cuivre. La section est est encore en construction, et une fois l’ensemble opérationnel, la production annuelle totale devrait atteindre environ 100 000 tonnes. Également au Haut-Katanga se trouve la mine de Kinsevere, exploitée par MMG, une filiale de China Minmetals.
À première vue, la géographie semble rassurante : les principales mines chinoises ne se situent pas dans les zones de conflit. Mais l’instabilité congolaise ne se limite jamais à une seule région. Les axes de transport, les routes interprovinciales et les liaisons ferroviaires vers les ports de Tanzanie et d’Afrique du Sud demeurent vulnérables à toute escalade du conflit ou à une éventuelle turbulence politique nationale. Même une mine éloignée des combats peut subir des retards d’expédition, une hausse des coûts de sécurité ou des arrêts temporaires liés à des menaces sur la sécurité du personnel.
Le risque le plus profond réside dans ce qui se produit lorsque la violence érode la capacité de l’État à gouverner. Une fois qu’un pays s’enfonce dans une instabilité prolongée, tout choc local peut se transformer en effondrement logistique national, en incertitudes réglementaires, en litiges contractuels ou même en interventions forcées sur les actifs. Pour les investissements miniers à long cycle, ces risques indirects peuvent s’avérer plus destructeurs que le conflit lui-même.
POURQUOI C’EST IMPORTANT: Pour l’instant, le cœur minier du sud du Congo demeure opérationnel. Mais à mesure que la crise à l’est s’intensifie, les entreprises chinoises doivent se préparer à une palette de scénarios plus large : sécuriser les routes de transport, réévaluer leurs plans d’assurance et d’évacuation, renforcer leur engagement auprès des communautés locales et suivre de près les signaux politiques émanant de Kinshasa.



