Possibles enjeux politiques derrière ces discussions ?
Geraud Neema : Il y a une impasse entre les parties, à savoir le CMOC d’un côté et l’exécutif de Gecamines, l’administrateur temporaire TFM et le comité de révision de l’autre.
A travers des alliés politiques, ils – les parties – ont essayé de faire avancer leurs revendications et leurs agendas dans cette dispute. Et en l’état actuel des choses, la CMOC éprouve des difficultés croissantes et inattendues à exporter son cuivre et son cobalt. La Gecamines et l’administrateur désigné par le tribunal n’ont toujours pas accès aux mines de TFM.
Face à cette situation, les deux parties sont à la recherche d’une intervention politique décisive qui mettra fin au conflit… en leur faveur.
Le simple fait qu’il n’y ait pas eu de décision formelle du gouvernement pour stopper l’exportation de CMOC montre qu’il y a encore des influences politiques derrière les deux parties qui bloquent une décision politique définitive
Les attentes des parties?
Geraud : Jusqu’à présent, aucune des parties n’a exprimé ce qu’elle espere obtenir au bout de ces discussions. Mais au vu de l’évolution récente, nous ne pouvons que présumer de leurs attentes :
Nous savons que le CMOC aimerait que ce contentieux prenne fin et que la situation revienne à la “normale ».
À maintes reprises, elle a exprimé son opposition aux revendications de la Gécamines et a nié tout acte frauduleux concernant les redevances dues à la Gécamines. Mais à ce stade de la processus, il est très peu probable qu’ils obtiennent une telle décision du Premier ministre qui n’a pas réussi (après avoir essayé) à arrêter le processus judiciaire. Ce qu’ils peuvent espérer obtenir, c’est que la Gécamines accepte de se contenter d’une compensation bien moindre (pas les 7 milliards de dollars) et d’un plan de décaissement à long terme.
Du côté de la Gécamines, quand on voit la détermination dont elle a fait preuve au cours des deux derniers mois, on peut raisonnablement supposer que ses attentes seront probablement que la CMOC accepte de payer ce qu’elle demande.
C’est la première étape importante pour la Gecamines, CMOC doit reconnaître ce qu’elle doit à la Gécamines.
Une fois que c’est fait, ils peuvent trouver un compromis sur le plan de paiement.
D’après ce que je vois, le meilleur accord que CMOC puisse obtenir de cette médiation serait une légère réduction des exigences de Gecamines et un calendrier de paiement plus ou moins à moyen terme.
Le Premier-ministre comme solution?
Geraud : Je ne le crois pas. Vous vous souvenez, il avait déjà essayé d’arrêter la procédure judiciaire et promis l’intervention d’une tierce partie internationale pour aider les parties à régler leur différend.
Il avait échoué car non seulement la procédure judiciaire s’était poursuivie, mais aujourd’hui CMOC rencontre des difficultés pour exporter ses minerais.
Veut-il que le litige prenne fin ? Oui, il le veut.
A-t-il suffisamment de poids politique pour peser sur le conflit et imposer un compromis entre les deux parties ? Non.
La véritable valeur de ces pourparlers réside dans le fait que toutes les parties seront en mesure de communiquer à nouveau après des mois de conflit intense.
Comme je l’ai déjà dit, pour résoudre le différend, il y a une question à laquelle il faut répondre : La CMOC reconnaît-elle les revendications de la Gécamines ? Jusqu’à présent, elle ne l’a pas fait, du moins publiquement.
Geraud Neema est le rédacteur francophone du China Global South Project.