La dispute entre le groupe minier chinois China Molybdenum (CMOC) et la société d’État congolaise, la Gécamines, a pris une nouvelle tournure le jeudi 9 juin dernier lorsque l’administrateur provisoire nommé en février dernier par la justice congolaise pour gérer la mine de TFM a pris ses fonctions.
Le 10 juin, Reuters rapporte aussi le démenti de CMOC par l’entremise du porte-parole de TFM, Vincent Zhou, qui confirme que CMOC maintient toujours le contrôle sur la mine de TFM.
Si l’entrée en fonction de l’administrateur provisoire venait à être confirmée, ce dernier développement irait à contre-courant des garanties qu’avait obtenues le groupe minier chinois de la part du Premier ministre congolais.
En mars dernier, le CEO de CMOC, Sun Ruiwen avait rencontré le premier ministre congolais Sama Lukonde auprès de qui il avait obtenu la suspension de la décision de la justice congolaise et la reprise en main du dossier par les ministres du gouvernement et non plus par la présidence congolaise comme ça été le cas depuis aout 2021.
Cette décision présentée et perçue comme une tentative de désescalade entre les deux partenaires, révélait aussi les dissensions internes congolaises quant à l’issue de ce conflit.
Des sources proches avaient confirmé qu’au sein du gouvernement congolais, c’est la ministre de la Justice, Rose Mutombo, qui avait reçu des instructions de la part du premier ministre pour entendre les parties : CMOC, la commission d’évaluation et la Gécamines. C’est à l’issue de ces concertations qu’elle a instruit l’exécution de l’arrêt du tribunal de Lubumbashi.
Une décision qui va visiblement à l’encontre des attentes du Premier ministre congolais qui comme on l’a vu prônait une approche différente.
Certainement pris de court par cette décision, la réaction du Premier ministre congolais sera à observer dans les jours qui viennent.
Ces récents développements révèlent davantage la complexité de la gouvernance minière en République Démocratique du Congo et le poids des ingérences politiques.
Une chose est sûre, le dossier est très loin d’être clos et à l’aube des échéances électorales de 2023, on serait en droit de se demander si la R.D.Congo peut se permettre de laisser ce conflit perdurer.
LECTURE RECOMMANDÉE
- Reuters : China Moly dément que l’administrateur provisoire ait repris le contrôle de sa mine de cuivre-cobalt de TFM par Aaron Ross
- Projet Afrique Chine: Le gouvernement Congolais joue la désescalade avec le Chinois China Molybdenum par Christian-Geraud Neema
- Le Projet Afrique Chine : En RDC, la justice congolaise suspend China Molybdenum de la gestion de Tenke Fungurume Mining par Christian-Geraud Neema
- Le Projet Afrique Chine: La récente du visite du Pdg de China Moly en RDC pose plus de questions qu’elle ne donne de réponses par Christian-Geraud Neema.