Parmi les dizaines de dirigeants qui participent cette semaine au Forum de la « Belt and Road Initiative » à Pékin, peu sont soumis à une pression aussi forte que le président kényan William Ruto pour obtenir des résultats tangibles à l’issue de ce rendez-vous.
L’économie kényane est en proie à de graves difficultés : hausse du chômage, augmentation de la dette intérieure et chute de la monnaie à un niveau historiquement bas par rapport au dollar cette semaine.
Il n’est donc pas surprenant que le président consacre l’essentiel de son énergie, lors de sa visite de trois jours en Chine, à promouvoir son programme économique dans l’espoir d’obtenir davantage d’investissements chinois et de financements pour le développement.
M. Ruto s’est mis au travail dès lundi, en sillonnant la capitale chinoise pour rencontrer de hauts responsables d’entreprises et du Parti communiste :
- BUSINESS : M. Ruto a rencontré Li Xi, l’un des plus hauts et des plus puissants responsables du Parti communiste, pour indiquer que le Kenya s’aligne pleinement sur le programme de développement économique de la Chine à l’étranger. (XINHUA)
- INFRASTRUCTURE ÉNERGÉTIQUE : Le président a présidé la signature d’un protocole d’entente avec la China Energy International Group en vue de moderniser le système électrique du Kenya. Les détails de l’accord n’ont pas été communiqués. (THE STAR)
- TÉLÉCOMMUNICATIONS : M. Ruto a également présidé la signature d’un deuxième protocole d’accord, cette fois avec le géant des télécommunications Huawei, pour renforcer l’infrastructure numérique nationale du Kenya avec de nouveaux services dans les domaines de la santé, des transports, de l’éducation et de l’administration en ligne. (THE STAR)
Le véritable test, cependant, a eu lieu hier mardi et aujourd’hui mercredi, lorsque M. Ruto a rencontré le président Xi Jinping et s’entretenu avec des responsables des plus grandes banques chinoises afin de discuter d’un nouveau prêt d’un milliard de dollars pour la construction de routes et de la nécessité de restructurer la dette du Kenya, estimée à 6 milliards de dollars, qui est encore due à ces banques.
Ces deux demandes sont très importantes dans le contexte actuel.
L’époque où les banques chinoises accordaient des prêts d’un milliard de dollars aux pays africains est révolue. Selon de nouvelles données du Global Development Policy Center de l’université de Boston, la Chine a accordé moins d’un milliard de dollars de prêts à l’ensemble du continent africain en 2022, et il est donc très peu probable que les banques politiques inversent cette tendance pour le Kenya.
Quant à la dette, jusqu’à présent, la China Exim Bank, qui détient la majeure partie de la dette en question, s’est montrée étonnamment inflexible à l’égard du Kenya en refusant les demandes répétées d’un allongement des délais de remboursemenent. Compte tenu des difficultés économiques auxquelles le Kenya est actuellement confronté, la China Exim pourrait se montrer plus conciliante, mais rien n’est moins sûr.
POURQUOI C’EST IMPORTANT: Les efforts déployés par M. Ruto pour obtenir davantage de financements et d’investissements de la part de la Chine constitueront un indicateur important de l’efficacité de son programme de développement économique et de la mesure dans laquelle les partenaires chinois sont prêts à s’engager en faveur du Kenya et, plus largement, de l’Afrique.
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