L’or africain vaut-il vraiment les risques de vie ou de mort ? Des groupes armés attaquent régulièrement des mines au Ghana, au Mali et en République démocratique du Congo, détruisent des équipements, enlèvent des travailleurs et exigent des rançons. Certaines ambassades chinoises à l’étranger sont même allées jusqu’à conseiller aux entreprises chinoises de se retirer.
Pourtant, avec un prix de l’or dépassant les 3 400 dollars l’once, l’attrait est irrésistible. Les mines ressemblent à des distributeurs automatiques souterrains, et les compagnies chinoises continuent d’extraire. Sur la plateforme vidéo Bilibili, un commentateur a récemment décortiqué les calculs risqués qui sous-tendent cette stratégie.
Ce pari est dicté par une contrainte mondiale : d’un côté, la flambée des prix de l’or ; de l’autre, une production stagnante. Les meilleurs gisements mondiaux étant déjà exploités, les régions africaines, instables mais riches en minerais, représentent l’ultime frontière. Des sociétés comme Zijin Mining et Shandong Gold y misent des milliards de dollars car, à la différence des pays stables, elles peuvent y acquérir des actifs de premier ordre à prix réduit.
Mais cette remise cache un risque extrême. Ces entreprises opèrent dans une « ceinture des coups d’État » où les putschs sont fréquents, où des chefs de guerre peuvent bloquer les routes et où les politiques changent du jour au lendemain. Les mineurs chinois deviennent des cibles privilégiées : leur part de production a fortement augmenté, ils contrôlent des mines à haut rendement très lucratives, et le retrait de l’assistance militaire occidentale a laissé un vide, donnant plus de latitude aux milices locales. La hausse des prix de l’or renforce encore leur motivation à attaquer pour s’approprier une part des profits.
Comment, alors, cette équation peut-elle fonctionner ? Tout est dans le calcul du risque. Même avec des coûts de production avoisinant 1 300 dollars l’once, les prix actuels laissent une marge bénéficiaire supérieure à 100 %. Une mine à haute teneur peut générer des flux de trésorerie considérables et réguliers pendant des décennies.
Pour atténuer le danger, les entreprises ne se fient pas uniquement à la chance ou à des gardes locaux. Elles recourent à une ingénierie financière sophistiquée : prévente de la production future pour sécuriser des liquidités, couverture sur les marchés à terme contre une chute des prix, et modèles économiques où il suffit que le projet survive à la moitié de sa durée de vie pour devenir rentable.
Le commentateur souligne enfin l’écart crucial entre les approches occidentales et chinoises. Depuis des décennies, les pays occidentaux protègent activement leurs actifs stratégiques à l’étranger — mines, champs pétroliers, ports — par leur puissance militaire nationale, les considérant comme des extensions de leur sécurité nationale. À l’inverse, l’approche chinoise reste largement limitée au recours à la sécurité locale et au maintien de bonnes relations communautaires. Si cela suffit en période stable, ces mesures s’avèrent totalement inadéquates face à une insurrection de chef de guerre ou à une hostilité généralisée envers les étrangers, laissant les entreprises démunies.



