Lorsque le géant chinois Zhejiang Huayou Cobalt a racheté pour 422 millions de dollars la mine de lithium d’Arcadia en 2021, le Zimbabwe y a vu une chance de s’insérer dans la chaîne mondiale des véhicules électriques. Situé à 38 km de la capitale, le projet suscitait autant d’espoir que de crainte dans les communautés locales, marquées par des précédents de déplacements forcés et de dégâts environnementaux.
La réputation de Huayou dans d’autres pays explique ces inquiétudes. En RDC, Amnesty International et Afrewatch ont documenté abus et pollutions sur ses projets cuivre-cobalt. En Indonésie, ses activités dans le nickel ont été liées à des ruptures de digues, des atteintes à la santé et la destruction de terres sacrées. Mais ces dérives ne sont pas uniquement chinoises : Freeport-McMoRan, aux États-Unis, a aussi laissé un lourd passif environnemental et social en Papouasie-Nouvelle-Guinée.
À Arcadia, la filiale locale Prospect Lithium Zimbabwe (PLZ) tente toutefois de se démarquer. Depuis 2023, elle a lancé des programmes communautaires, investi dans les infrastructures et instauré un dialogue plus régulier avec les habitants. La réhabilitation et le bitumage de 17 km de route ont réduit la poussière et amélioré les relations. Sur le plan social, PLZ a recruté 500 femmes locales comme couturières, un geste salué dans un pays où 61 % de la population a moins de 25 ans et où le chômage est endémique. La société prévoit 1,3 million de dollars de projets RSE entre 2025 et 2027, allant de la santé à l’électrification, et a même créé un club de football.
Des inquiétudes demeurent cependant autour de la gestion de l’eau, ressource cruciale pour les agriculteurs et fortement sollicitée par le traitement du lithium. Entre emplois, infrastructures et pressions écologiques, Arcadia illustre le fragile équilibre des pays africains riches en minerais, attirer les investissements étrangers tout en préservant la durabilité à long terme.
