Alors que les exercices militaires conjoints entre la Chine et des pays comme l’Afrique du Sud suscitent la controverse, le rôle du maintien de l’ordre dans les relations entre l’Afrique et la Chine fait l’objet de beaucoup moins d’attention.
Un nouveau rapport remarquable de Paul Nantuyla, spécialiste de la sécurité entre l’Afrique et la Chine, décrit l’influence croissante des forces de l’ordre chinoises en Afrique. Il s’agit notamment de la normalisation des normes chinoises en matière de maintien de l’ordre par le biais de liens institutionnels et de formations.
Le ministère chinois de la sécurité publique joue un rôle clé dans cette influence. D’une part, il se concentre sur les ressortissants chinois à l’étranger, à la fois en travaillant avec les gouvernements africains pour protéger les ressortissants chinois de la criminalité et pour réprimer les criminels et les dissidents chinois dans les pays étrangers.
D’autre part, le MPS utilise également la formation pour établir des liens institutionnels avec les services de police africains. Diverses agences de sécurité publique chinoises ont conclu des accords avec 40 pays africains. Cela inclut treize accords d’extradition, contre zéro en 2018.
L’influence croissante de la police chinoise en Afrique :
- INSTITUTIONS : Le programme international de formation au maintien de l’ordre du MPS facilite la formation des fonctionnaires de police africains dans 21 académies de police différentes. Il s’agit d’académies provinciales et supérieures, ainsi que d’écoles spécialisées dans la lutte contre le terrorisme et d’autres formations avancées. Des fonctionnaires d’au moins 23 pays africains ont reçu une formation antiterroriste à ce niveau. Cette formation intervient alors que les pays africains ont également accès à des armes et des équipements fabriqués en Chine.
- NORMES : La formation antiterroriste suit les conventions chinoises, y compris la répression des « trois dangers » (le terrorisme, le séparatisme et l’extrémisme religieux, qui sont au cœur de la politique chinoise au Xinjiang). En outre, la formation organisationnelle encourage également la structuration des forces de police selon les principes chinois, en mettant l’accent sur la centralisation et la loyauté envers le régime, sans contrepoids en matière de surveillance des droits de l’homme.
- CONSÉQUENCES INVOLONTAIRES : Les forces de police formées par la Chine ont été impliquées dans plusieurs controverses en Afrique. Il s’agit notamment d’allégations selon lesquelles une unité d’élite aurait ciblé des opposants politiques en Afrique du Sud et que ces forces auraient attaqué des soldats de la paix de l’ONU en République centrafricaine.
POURQUOI C’EST IMPORTANT: La formation de la police remplit une triple fonction pour la Chine en Afrique : elle contribue à protéger les ressortissants chinois de la criminalité tout en prolongeant le bras long de la police chinoise pour sévir contre les citoyens chinois dans d’autres pays. Plus largement, elle internationalise également les normes chinoises en matière de maintien de l’ordre. Lire le rapport complet sur le site du Centre d’études stratégiques pour l’Afrique.
Lire le rapport complet sur le site du Centre d’études stratégiques pour l’Afrique. (en Anglais)