Il n’y a quasiment pas de chance pour le Ghana de bénéficier d’un traitement spécial de la part de la Chine dans l’allègement de sa dette. Alors qu’elle ne représente qu’une infime portion – un dixième soit 1.7 milliards de dollars – de la dette ghanéenne, Pékin semble très peu encline à participer activement à sa restructuration, et ce malgré les pressions internationales.
Sur fond de blocage constaté sur la question zambienne, l’Ethiopie qui doit 13.7 milliards à la Chine, et le Ghana semblent avoir opté pour une approche bilatérale directe avec Pékin sur la question.
Les autorités ghanéennes, au pays comme à l’étranger, espèrent obtenir de Pékin plus de clémence en ce qui concerne les délais de remboursement et les taux d’intérêt. Elles espèrent obtenir un délai de grâce de dix ans pour le service de la dette et un autre supplémentaire de 17 ans pour ré-échelonner les paiements.
Après avoir balayé la possibilité d’une solution alternative pour l’Ethiopie, le ministère chinois des affaires étrangères a tenu à apporter de nouvelles précisions concernant le Ghana qui, la semaine passée, a reçu une délégation de la China Eximbank pour des discussions avec le ministère des finances ghanéen.
Bloomberg : Le ministère ghanéen des finances a déclaré que le Ghana avait eu des entretiens avec une délégation chinoise sur la restructuration de la dette. Le ministère des affaires étrangères a-t-il des détails sur ces réunions et sur ce qui a été convenu ?
Mao Ning: « Je vous renvoie aux autorités chinoises compétentes pour les détails de la réunion. Ce que je peux vous dire, c’est que la Chine attache une grande importance à la résolution de la question de la dette du Ghana et comprend les difficultés auxquelles le pays est confronté en ce moment. Les institutions financières chinoises compétentes sont en contact avec le Ghana pour trouver un règlement approprié par le biais de consultations. Je tiens également à souligner que les créanciers multilatéraux et commerciaux détiennent la majeure partie de la dette extérieure du Ghana. Les prêts bilatéraux officiels liés à la Chine ne représentent que moins de cinq pour cent de la dette extérieure du Ghana. La résolution adéquate des questions relatives à la dette du Ghana relève de la responsabilité partagée du Ghana et de tous les partenaires internationaux, ce qui exige des efforts conjoints de toutes les parties. Nous appelons les institutions financières multilatérales et les prêteurs commerciaux, qui sont les principaux créanciers des pays en développement, à participer aux efforts d’allégement de la dette de ces derniers« .
POURQUOI C’EST IMPORTANT : Dans sa communication, la Chine rappelle son rôle marginal dans la crise ghanéenne et réitère son appel à la participation des institutions des Bretton Woods au processus de restructuration de la dette des pays pauvres. Un Appel qui est à l’origine de l’impasse sur la dette zambienne. Une communication qui vise à établir la non-responsabilité de la Chine sur cette crise ghanéenne.
Autant que la Chine avait fait preuve de flexibilité lorsqu’il s’agissait d’accorder ces prêts, autant elle fait preuve de rigidité au moment d’être remboursée. La posture de la Chine révèle aussi la fragilité des pays pauvres qui risqueront de faire les frais d’une épreuve de force entre la Chine et les institutions de Bretton Woods.
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