Vendredi 11 aout 2023, Rio Tinto Simfer a annoncé qu’un accord a été trouvé avec le consortium Winning Consortium Simandou (WCS) et le gouvernement guinéen pour la construction du chemin de fer long de 670 Km et du port minéralier en eau profonde de Morebaya près de Conakry. L’accord a été signé dans le cadre de la Compagnie du TransGuinéen (CTG), joint-venture mis en place en juillet 2022, chargée de construire ces infrastructures qui relieront et permettront l’évacuation des minerais de fer de Simandou à partir du territoire guinéen.
Selon le communiqué, « la capacité d’infrastructure et les coûts associés seront partagés à parts égales entre Simfer, qui développe les blocs 3 et 4 du projet Simandou, et WCS, qui développe les blocs 1 et 2«
Cet accord un pas de plus vers le développement du projet pour lequel les opérateurs doivent encore finaliser « les accords d’investissement et les accords d’actionnaires connexes qui le sous-tendent. »
BON À SAVOIR: Le projet Simandou est divisé en deux. Les blocs 1&2 sont développés par le consortium sino-singapourien porté par le singapourien Winning International Group et le chinois Weiqiao Aluminium. Les blocs 3&4 sont développés par le gouvernement guinéen et la Joint-venture Rio-Tinto Simfer dans laquelle on retrouve la participation direct et indirecte des chinois Chinalco, Baowu Steel, China Rail Construction Corporation et China Harbour Engineering Company.
Simandou revêt une importance géo-stratégique pour la Chine car elle lui permettra de réduire sa dépendance au fer australien. En 2022, la Chine avait importé 69% de son fer d’Australie.
POURQUOI C’EST IMPORTANT: Pendant longtemps la construction de ces infrastructures avait été le principal obstacle au développement de la mine de Simandou qui est « la plus grande réserve non exploitée connue au monde de minerai de fer à haute teneur et à faible degré d’impureté » – Les réserves de Simandou sont estimées à 4 milliards de tonnes de fer– ; les opérateurs miniers préférant l’option la moins coûteuse d’une évacuation à partir du port de Buchanan au Libéria voisin. La construction de ce chemin de fer est estimée à près de 14 milliards de dollars américains.
Il aura fallu la suspension des travaux et les menaces du patron de la junte guinéenne, le colonel Mamadi Doumbouya en mars 2022, pour forcer les opérateurs miniers à se soumettre à la volonté du gouvernement guinéen et trouver un compromis qui permettrait le financement et la construction des infrastructures connexes de Simandou.
Les concessions substantielles obtenues, notamment 15% des parts non diluables dans la CTG, par le gouvernement de transition guinéen des entreprises minières, prouvent combien les pays producteurs peuvent du sud peuvent tirer pleinement avantage non seulement de leurs ressources mais aussi de la configuration géopolitique internationale lorsqu’ils s’appliquent à négocier intelligemment et stratégiquement.
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