Le président de la République démocratique du Congo, Félix Tshisekedi, effectue cette semaine un voyage historique à Pékin. Ce voyage intervient dans un contexte de tension constante, tant au niveau national qu’international, au sujet de la domination économique des investissements chinois considérables dans ce pays d’Afrique centrale.
M. Tshisekedi, candidat à sa réélection cette année, est sous pression intérieure pour obtenir des résultats concrets de la part de la Chine, qui occupe depuis longtemps une place centrale dans l’économie de la RDC. Mais il ne s’agit là que d’un des défis auxquels il est confronté à Pékin.
Dans sa mallette, il emmène plusieurs dossiers épineux pour lesquels il espère obtenir la collaboration de Pékin. Et parmi les dossiers les plus épineux, on retrouve celui des investissements miniers chinois.
Que voudrait bien obtenir Tshisekedi à Pékin ?
- LE CONTRAT DE SICOMINES : vieux de plus de dix ans, l’accord « mines contre infrastructures » dit « contrat chinois » – qui a donné naissance à la Sicomines – a été critiqué par M. Tshisekedi comme étant mal négocié et favorisant la Chine. Vendredi, il a chargé le gouvernement de contacter le consortium d’entreprises chinoises impliquées et d’entamer des négociations formelles. Étant donné qu’il s’agit de grandes entreprises d’État chinoises, trouver une volonté politique à Pékin pour renégocier ce contrat constituerait une victoire majeure.
- ENTERRER LE CONFLIT GECAMINES/CMOC : la signature de l’accord final visant à résoudre le différend qui couvait depuis longtemps entre la société minière d’État de la RDC, la Gecamines, et le géant minier China Molybdenum (alias CMOC) au sujet des redevances minières mettrait un terme à un conflit de plusieurs années qui a mis à rude épreuve les relations entre la RDC et la Chine. Au-delà de l’annonce d’un accord faite le mois dernier par CMOC, des sources proches du dossier nous apprennent que la signature de l’accord final repose sur quelques derniers détails sur lesquels les partis doivent se mettre d’accord. La signature de l’accord final mettrait fin au différend une fois pour toutes.
- UN ENGAGEMENT POUR UNE USINE DE BATTERIES : L’engagement des entreprises chinoises à investir dans la chaîne d’approvisionnement des batteries pour véhicules électriques en RDC pourrait constituer une avancée significative. Depuis des mois, la RDC exprime sa volonté de voir des investissements dans ce secteur. Un protocole d’accord trilatéral a été signé avec la Zambie et les États-Unis à cet effet. Des études de préfaisabilité financées par la Banque africaine de développement sont en cours. Mais du côté de la Chine, premier investisseur dans le secteur minier congolais, aucune action concrète n’a encore été entreprise dans ce sens. Un engagement ferme de la part d’un géant comme CATL – actionnaire de la CMOC – serait certainement une victoire.
POURQUOI C’EST IMPORTANT: Le voyage de Tshisekedi à Pékin sera suivi de près par d’autres producteurs de minerais stratégiques, car leur permettra d’évaluer la valeur que Pékin accorde à l’accès à ces ressources et la réaction que d’éventuels accords pourraient susciter de la part des États-Unis.