Il faudra bien plus de coordination et d’organisation stratégique pour l’UE et son initiaitive Global Gateway pour parvenir à défier la Chine dans les pays du sud et remettre en question sa domination dans la chaine de valeur des minerais critiques.
Ce n’est pas moi qui le dit, mais c’est une note interne de la Commission de l’UE qui le dit, dans une évaluation du Global Gateway (GG). Le journal Politico qui a consulté la note en fait un résumé et vous présente les difficultés internes, plus qu’externes que doit surmonter l’UE pour que son GG soit un succès.
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Au delà même de la philisophie derrière le GG, qui ne met pas forcément les priorités des pays concernés en avant (encore faudrait-il que ces pays producteurs aient les idées claires sur leurs priorités…bon ça c’est une autre histoire), la note fait mention notamment d’un problème de coordination stratégique et de définition de priorité de la part de l’UE dans la planification du GG.
Cette observation m’a rappelé une critique que je fais souvent à ces initiatives occidentales (Global Gateway, Mineral Security Partnership, PGII etc..) supposées contrer ou challenger la position chinoise dans les pays du sud dans la chaine d’approvisionnement des minerais critiques.
Cette critique repose sur une question simple, est-ce que les démocraties libérales sont-elles équipées pour faire face à un adversaire qui sait prendre des décisions rapidement et agir vite?
Je crois l’avoir déjà dit avant, le modèle démocratique exige l’intégration de plusieurs parties prenantes dans l’élaboration des politiques, prise de décision et l’exécution de ces décisions. Un processus qui exige de nombreux échanges et surtout beaucoup de temps. Un temps que ces pays n’ont pas toujours dans leur volonté de réduire leur dépendance en minerais critiques face à la Chine.
Si la priorité n’était que sur les questions de développement, ils n’auraient pas forcément besoin de s’inquiéter du temps qui passe; mais lorsque la priorité est sécuritaire, présentée comme une menace existentielle, ils n’ont malheureusement pas le luxe du temps.
Là où les diplomates à Bruxelles prennent le temps à discuter, à prendre en compte les intérêts et considérations des différentes structures de l’UE et des pays membres de l’organisation, Pékin qui est déjà en avance, et qui possède de nombreuses entreprises prêtes à s’éxecuter, lève des options et agit. Pour le meilleur ou pour le pire… l’avenir le dira. Mais elle agit.
Dans cette course contre la montre dans l’approvisionnement de ces minerais critiques, que Bruxelles et Washington présentent comme une menace existentielle – l’agenda sécuritaire ayant pris le dessus – il est temps qu’ils développent de nouvelles méthodes de décision. Ils n’ont plus le luxe de passer des mois à discuter et décider sur un texte pour n’aboutir qu’à un version temporaire, attendant les considérations d’autres acteurs.
Ils doivent en etre conscients d’autant plus qu’au delà de l’obstacle interne lié à leur prise de décision, ils doivent encore convaincre des acteurs extérieurs (entreprises privées) à les suivre dans leur démarche. Et là rien n’est garanti. Merci le modèle économique qui trouvait que les entreprises privées guidées par le marché valaient mieux que les entreprises publiques controlées par l’Etat.
Aujourd’hui, face aux entreprises publiques chinoises qui tiennent la dragée haute à leurs rivales occidentales, je me dis bien qu’il y a des questions à se poser.
Le défi occidental, pas de l’UE uniquement, est de faire preuve d’ingéniosité politique pour mettre en place des mécanismes de décision et d’éxecution rapide et effective, sans pour autant remettre en question les fondamentaux de la démocratie libérale et des lois du marché auxquels ils tiennent tant.
L’heure est à l’adaptation…et l’UE devra le faire rapidement …ou abandonner.
Mais pendant qu’ils le font, qu’ils n’oublient pas non plus que les pays producteurs du sud ne les attendent pas.





