Ce week-end, le comité bilatéral des créanciers de la Zambie, co-présidé par la Chine et la France, est parvenu à un accord pour négocier et restructurer la dette du pays. Un accord qui ouvre les portes à un programme du FMI de 1,4 milliard de dollars. Programme qui n’était possible que si le comité parvenait à un accord sur une restructuration durable et substantielle de la dette de la Zambie.
Jusqu’où la Chine ira-t-elle dans ce processus ? Et combien de la dette zambienne elle est prête à réduire ? En acceptant de travailler avec d’autres créanciers bilatéraux de la Zambie, la Chine accepte de s’attendre à une certaine « coupe de cheveux », mais l’ampleur de cette coupe reste à déterminer. Aujourd’hui la dette extérieure de la Zambie s’élève à 17 milliards de dollars dont le tiers est dû à la Chine.
Bien que les détails n’aient pas encore été communiqués, les analystes s’accordent à la même conclusion « si la Chine a donné son accord, c’est uniquement parce qu’elle a reçu des garanties et qu’elle est satisfaite de l’analyse de la viabilité de la dette effectuée par le FMI, de la restructuration et de l’ampleur de la décote. »
Toutefois, les prêteurs commerciaux restent préoccupés par le secret qui entoure les détails de l’accord et souhaiteraient également participer aux discussions.
Dans une volonté de réduire le fossé de sa dette, la Zambie avait annoncé l’annulation de 2 milliards dollars US de projets dont les financements n’avaient pas encore été décaissés. Et parmi ces projets se trouvaient ceux financés par la China Eximbank et la Jiangxi Bank.
Ce qui se passe en Zambie pourrait donner le ton pour la Chine sur le continent en matière de dette et constituer un précédent « dangereux » que la Chine voudrait certainement éviter.
Après près de deux décennies à financer, sur fond de prêts, des grands projets en Afrique, la Chine doit désormais faire face à cette nouvelle donne. Une donne bien qu’anticipée – au regard des conditions drastiques qu’elle imposait à ses prêts– mais qui n’a pas évité à la Zambie de faire défaut sur sa dette.
Si malgré l’abondance de ses ressources naturelles – deuxième producteur africain de cuivre – et les conditions drastiques de Pékin, la Zambie a pu faire défaut, il y a de quoi s’interroger sur l’efficacité présente de la stratégie des prêts chinois en Afrique et de la nouvelle approche que pourrait adopter Pékin sur le continent. L’abandon du financement des grandes infrastructures est une indication claire d’un changement. Mais cela sera-t-il suffisant à long terme ?
LECTURE RECOMMANDÉE:
- Wall Street Journal: La restructuration de la Zambie donne des indications sur la volonté de la Chine d’alléger la dette des pays pauvres par Gabriel Steinhausser (en Anglais)
- Financial Times: La Chine accepte un accord historique d’allègement de la dette de la Zambie par Joseph Cotterill (en Anglais)
- Reuters : La promesse d’allégement de la dette de la Zambie ouvre la voie à un programme de 1,4 milliard de dollars, selon le FMI (en Anglais)