Le président de la République démocratique du Congo, Felix Tshisekedi entame cette semaine, à l’invitation de son homologue chinois, une visite de 5 jours en Chine, du 24 au 29 mai. Elle sera la première visite du président congolais en Chine depuis son accession au pouvoir en janvier 2019.
A la tête d’une forte délégation ministérielle, le président congolais se rendra à Beijing où il sera reçu par son homologue Xi Jinping et devrait ensuite se rendre à Shanghai et à Shenzhen.
Ce voyage que plusieurs pourraient qualifier de tardif, intervient à la fin de son premier mandat et sept mois avant la tenue de la présidentielle prévue pour décembre 2023. Outre la pandémie du Covid, le rapprochement avec Washington pourrait bien être la cause de cette visite tardive au premier partenaire commercial de la RDC.
S’étant rapproché de Washington où il y effectua deux visites, Felix Tshisekedi s’était démarqué de son prédécesseur Joseph Kabila, perçu pro-Chinois et sous la présidence duquel les investissements chinois dans le secteur minier avaient pris de l’ampleur.
Un rapprochement qui lui avait valu la perception d’un allié américain. Perception qui fut renforcée par les déboires qu’ont connu China Molybdenum sur le projet Tenke Fungurume avec la Gécamines et la réévaluation du contrat Sicomines qui aurait été soutenue par les Etats-Unis. Soutien qui n’a malheureusement pas suffi à endiguer l’influence chinoise en RDCongo au grand de Washington
Il s’envole en Chine au moment où le conflit entre la Gécamines et China Molybdenum a pris fin – bien que les détails de l’accord se font encore attendre – et au moment où il a décidé le lancement de la renégociation du contrat de la Sicomines.
L’agenda de Felix Tshisekedi en Chine :
- DIPLOMATIE : Proche des Etats-Unis, Tshisekedi tient tout même à démontrer avec ce voyage, son engagement à maintenir des liens étroits avec la Chine. Il ne fait pas de doute que cette visite sera suivie de prés à Washington.
- COMMERCE ET INVESTISSEMENT : La Chine est le plus grand partenaire commercial de la RDC et ses principaux investisseurs dans le secteur minier. M. Tshisekedi tentera donc de stabiliser les relations économiques qui ont été mises à rude épreuve ces dernières années en raison de différends liés à des contrats miniers. Maintenant que la question de la mine TFM a été résolue, Tshisekedi tentera certainement de régler à la question du contrat de la Sicomines. Il pourrait également inviter les entreprises chinoises à investir dans la chaîne d’approvisionnement de la fabrication de batteries.
- EQUIPEMENTS MILITAIRES : Le jour même où le gouvernement chinois a annoncé le voyage de M. Tshisekedi à Pékin, on apprend que le premier drone d’attaque CH-4 de fabrication chinoise acheté par la RDC a été livré. Il faudrait s’attendre à ce que le président congolais aborde la question d’achat d’équipements militaires pour soutenir sa lutte contre les rebelles du M23 dans l’est de la RDC.
- HYDROCARBURE : Récemment la RDC a manifesté son intérêt à participer au projet EACOP avec l’Ouganda et la Tanzanie. Avec le ministre congolais des hydrocarbures faisant partie de la délégation, il est possible que le président congolais tente de convaincre les entreprises chinoises, notamment la China National Oil Offshort Corporation, CNOOC, déjà présente en Ouganda dans le projet EACOP, d’élargir ses activités dans les blocs pétroliers du lac Albert du côté congolais.
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