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La Chine dans les mines en R.D.Congo, Tshisekedi déçoit Washington

La Chine dans les mines en R.D.Congo, Tshisekedi decoit Washington
Le président américain Joe Biden et le président de la RD Congo Felix Tshisekedi lors du sommet des leaders du G20, le 30 octobre 2021. Erin SCHAFF / POOL / AFP

Aux Etats-unis c’est la déception, selon ce que rapporte le journal Afrique Intelligence qui publie une enquête sur les désillusions américaines après qu’ils ne soient pas parvenus à déloger la Chine de son hégémonie dans le secteur minier en R.D.Congo.

Plusieurs diplomates et acteurs politiques américains nourrissaient l’espoir, avec l’avènement de Felix Tshisekedi à la tête de la RDC en janvier 2019, de voir la Chine perdre son influence dans le pays.

L’espoir était certainement fondé sur les signes de rapprochement et de préférence à Washington, contrairement à son prédécesseur Joseph Kabila, que le président congolais manifestait au début de son mandat.

Cette impression était notamment entretenue par la proximité de l’ancien ambassadeur américain à Kinshasa, Mike Hammer, et de l’ancien envoyé spéciale des Etats-Unis pour la région des grands lacs et critique de la Chine en RDC, Peter Pham, avec le président congolais.

Le processus d’évaluation des contrats chinois (Sicomines et Tenke Fungurume Mining de China Molybdenum) en 2021 présenté à tort par plusieurs médias comme processus de révision, avait certainement contribué à renforcer ce sentiment.

Mais avec le temps, il s’est vite avéré qu’il n’y avait que très peu de volonté politique de la part de Kinshasa de se séparer de Pékin, et ce pour plusieurs raisons mais dont deux principales:

  • La premiere est le fait qu’aussi déséquilibrés que peuvent l’être les relations et les accords miniers entre la RDC et la Chine, cette dernière demeure la seule à posséder les moyens financiers et les coudées franches pour évoluer dans un environnement politique aussi instable et corrompu que la R.D.Congo.
  • La seconde, consécutive à la première, est l’absence d’alternative crédible américaine ou occidentale aux chinois en R.D.Congo. Au delà des coûts financiers énormes que représente une exploitation minière dans un pays en manque criant d’infrastructures comme la RDC, c’est l’aptitude politique des compagnies occidentales à opérer en R.D.Congo qui est leur handicap majeur.

Les strictes régulations auxquelles sont soumises ces compagnies en matière de bonne gouvernance et de corruption ne leur permettent pas d’opérer dans le secteur minier congolais tout en gardant les mains propres. Le suisse Glencore en sait quelque chose.

Par contre, les compagnies minières chinoises en R.D.Congo, ont la flexibilité nécessaires et désirée du reste par les acteurs politiques congolais d’évoluer dans le secteur minier. Cette flexibilité leur permet de participer notamment à des montages financiers – certains obscures comme l’a relevée l’enquête du Congo Hold-up – qui garantissent le cash-flow dont ont souvent besoin les acteurs politiques congolais. Et rien n’indiquait qu’il en aurait été autrement avec Felix Tshisekedi.

C’est au vu de ces réalités, que l’on ne peut qu’être surpris que l’éventualité de voir Pékin perdre de son influence en R.D.Congo ait été prise au sérieux à Washington. C’est d’autant plus surprenant lorsque l’on voit le nombre de partenariat signés entre entreprises occidentales/américaines et chinoises dans le secteur des minerais stratégiques, alors que Washington ne cesse de s’inquiéter de la mainmise de Pékin sur ce secteur.

Des accords qui renforcent notre position ici au China Global South Project selon laquelle les inquiétudes politiques de Washington ne semblent pas être partagées par Wall Street.

La désillusion de Washington en dit long sur sa capacité à saisir et comprendre les dynamiques complexes de ces pays, non seulement en RDC mais aussi ailleurs en Afrique; et donc sur sa capacité à concevoir et à exécuter une stratégie cohérente sur le continent, surtout si elle vise à contrebalancer l’influence de la Chine. 

Et finalement cette désillusion en RDC soulève également la question de savoir qui conçoit et dirige la politique congolaise des USA, si tant est qu’il y en ait réellement une. Entre les lobbyistes, les anciens diplomates devenus lobbyistes et les diplomates actuels, très souvent, il est difficile d’identifier avec certitude qui prend les décisions à Washington. 

Aux dirigeants congolais, et peut-être africains, s’il y a une leçon à retenir de cette experience congolaise c’est certainement le fait qu’aussi puissants puissent-ils être, les Etats-Unis ne savent pas tout; et qu’il leur serait hasardeux de conduire leur politique étrangère vis-à-vis de Pékin en fonction des intérêts ou des promesses de Washington.

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