Le site d’information spécialisée EENews rapporte que le département du travail américain compte rajouter sur sa liste des produits fabriqués par des enfants ou par une main d’oeuvre forcée les batteries électriques produites en Chine et contenant du cobalt venu de République démocratique du Congo.
Bien que cette décision ne soit pas synonyme d’embargo, elle pourrait tout de même avoir des conséquences sur l’industrie des véhicules électriques comme le rapporte EENews.
Cette présentation du cobalt congolais comme « un minerai sale » à cause de la présence des enfants sur les sites d’exploitation est problématique. Elle découle d’un narratif simpliste, dépourvu de nuances et qui ne reflète pas la complexité de la situation sur terrain.
Facteurs à considérer :
- Les proportions: La présence d’enfants est largement observée dans l’exploitation artisanale qui représente 15 à 30%, dépendant des sources, de la production totale du cobalt congolais. Dans cette exploitation artisanale, les chiffres du Wilson center révèlent une présence de près de 15% d’enfants. En terme de proportion, le cobalt exploité par les enfants, représenterait 5400 tonnes des 120,000 tonnes de cobalt produits par la RDC en 2021. Bien que la large majorité des exploitations chinoises de cobalt en RDC est industrielle, il est tout de même indéniable que les négociants chinois jouent un rôle important dans l’exploitation artisanale; cependant cela ne saurait suffire à jeter l’opprobre sur le cobalt congolais en le qualifiant de minerai exploité par des enfants.
- L’environnement: En négligeant les causes structurelles et sociales qui expliquent la présence de ces enfants dans ces exploitations, on se retrouve facilement avec un narratif simpliste qui tendrait à créer un lien de cause à effet entre exploitation du cobalt et la main d’oeuvre infantile. Et pourtant, de la pauvreté à la mauvaise gouvernance en passant par les normes sociales, la présence d’enfants dans ces exploitations a des causes multiformes.
En intégrant ces deux facteurs, le narratif devient plus nuancé et permet d’aborder la question avec plus de responsabilité tout en l’extirpant du cadre de la rivalité géopolitique sino-américaine sur les minerais stratégiques dans laquelle elle semble souvent être prise.
Une approche nuancée et sereine du problème qui permet d’élaborer de réelles solutions qui profitent à la RDC et à sa population.
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