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Chine et influence politique en Afrique

Chine et influence politique en Afrique
Le président chinois Xi Jinping (sur l’écran) lors du sommet de la coopération sino-africaine (FOCAC) à Dakar, au Sénégal, le 29 novembre 2021. SEYLLOU / AFP

L’une des actualités que nous avons couvertes cette semaine a porté sur la traduction en swahili du livre « La gouvernance de la Chine sous Xi Jinping ». C’est un ouvrage publié en quatre tomes jusque-là et qui rassemble les discours de Xi Jinping et résume sa pensée politique. 

La traduction en langue étrangère de ce livre n’est pas une première. Le livre a déjà été traduit en 37 langues et dans 180 pays. Cependant elle est la première traduction en langue africaine (si je ne me trompe pas). Une traduction qui donne accès à la pensée politique de Xi Jinping à des millions de locuteurs du swahili en Afrique. 

Bien qu’il ne soit pas garanti que le livre soit autant lu et distribué que le petit livre rouge de Mao, devenu une sorte de référence révolutionnaire pour plusieurs mouvements de libération dans l’Afrique des indépendances, on ne saurait s’empêcher de s’interroger sur les motivations derrière cette traduction et sur la portée qu’elle pourrait avoir.

Dans le cercle d’experts, observateurs, analystes et diplomates qui s’intéressent à l’engagement de la Chine en Afrique, la question de la volonté de Pékin d’exporter son modèle politique est souvent posée. 

Au-delà de l’influence économique, Pékin chercherait-il à exporter son modèle politique, spécialement dans les pays du sud ? Une question qui a motivé plusieurs recherches et publications sur l’influence positive ou négative de la Chine sur les démocraties en Afrique. 

Les actions politiques de la Chine en Afrique sont suivies avec beaucoup d’attention.

Son « party to party diplomacy » à travers lequel le parti communiste chinois établit des relations politiques avec les partis politiques africains inquiète. Un « party to party diplomacy » qui permet à Pékin d’élargir son cercle de partenaires politiques dans des pays où l’alternance politique emmène de nouveaux acteurs au pouvoir. Mais combien des partis politiques africains sont-ils réellement idéologiquement alignés derrière le PCC ? Combien y voit-il réellement un modèle à émuler. Difficile d’y répondre avec certitude si ce n’est qu’en y spéculant… 

Bref ….! 

C’est dans le cadre du « party diplomacy » que la Chine a financé et construit le Julius Nyerere Leadership Academy qui doit servir à former les élites politiques de six pays d’afrique australe (Tanzanie, Mozambique, Zimbabwe, Afrique du Sud, Namibie, Angola). La première cohorte y a déjà été formée.

Une académie qui renforce davantage les suspicions et les craintes quant à la volonté de Pékin de devenir un acteur politique influent sur le continent. Et à cela s’ajoute aujourd’hui cette traduction en Swahili de la pensée politique et des discours politique de Xi Jinping. 

Pensez-vous que les craintes d’une volonté chinoise d’exporter son modèle politique sont exagérées ou sont-elles légitimes ? Personnellement je n’y crois pas beaucoup. Il est évident que la Chine apprécierait bien de voir son modèle politique être exportée. Mais dès lors que sa politique étrangère reste très pragmatique, lui permettant de travailler avec des démocraties comme des régimes autoritaires, je crois bien qu’elle pourrait se contenter des régimes qui ne lui soient pas hostiles.

C’est certainement dans cette tentative de lutter contre le narratif occidental qu’elle accuse d’être intentionnellement biaisée et tordue contre elle qu’elle tente depuis de porter sa voie politique ailleurs. Elle devient beaucoup plus vocale sur des sujets qui n’étaient pas son point fort.

Aujourd’hui la Chine parle de démocratie en Afrique. Et elle en parle à sa manière. Une démocratie qu’elle veut non universelle et non-imposable à tous. Et c’est là qu’elle essaie de se démarquer de l’approche occidentale. Une démarcation qui pourrait faire mouche. 

Les derniers sondages d’Afrobarometre ont révélé que les africains semblaient avoir des vues partagées sur les influences chinoises et occidentales en Afrique. Autant qu’il existe une forte aspiration pour les valeurs démocratiques occidentales, autant il y a une aspiration pour le progrès économique et le développement ordonné et la stabilité politique portés par le parti communiste chinois. 

Dans une Afrique en quête de liberté et de développement, des voix s’élèvent de plus en plus pour un modèle politique africain authentique. Un modèle qui rencontrerait les besoins de liberté et démocratie mais aussi de développement économique et de stabilité. 

Autant que je sois persuadé que la majorité des africains n’est pas prête à revenir au modèle des partis uniques (been there,done that !!!) autant  je reste persuadé que le discours politique chinois, celui de la nécessité de chaque pays d’inventer le modèle politique qui lui convient continuera à gagner du terrain et finira un jour par trouver un écho en Afrique. 

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