Les réseaux sociaux chinois ont repéré une tendance insolite dans certaines villes africaines comme Nairobi. Des sacs à emporter chinois, solides et aux motifs colorés – du type que l’on reçoit dans une chaîne de hotpot ou un salon de thé – apparaissent partout. Et il ne s’agit pas de souvenirs ramenés de Chine : ces sacs se vendent plus d’un dollar pièce dans les rues, où des clients font parfois la queue pour en acheter.
La raison n’est pas un soudain engouement pour la cuisine chinoise. De nombreux pays africains, dont le Kenya, le Rwanda et la Tanzanie, ont interdit les sacs plastiques à usage unique afin de lutter contre les inondations, la pollution et l’obstruction des canalisations. Cette interdiction a créé une demande pour des alternatives bon marché, réutilisables et attrayantes. Les sacs de livraison chinois, fabriqués en tissu non tissé durable, répondent parfaitement à ce besoin. Solides, réutilisables, résistants à l’eau et imprimés de caractères chinois voyants, ils sont à la fois pratiques et stylés.

Derrière cette tendance de rue se cache une puissante base industrielle. Le secteur chinois du tissu non tissé, avec des pôles comme Xiantao dans le Hubei, peut produire des millions de sacs à très bas coût. Les chaînes d’approvisionnement sont rapides, efficaces et rodées par des années de concurrence sur le marché chinois de la livraison alimentaire.
Ces sacs parviennent en Afrique par une route d’exportation directe. Vendu quelques centimes sur les sites d’e-commerce chinois, chaque lot est expédié en gros par des entreprises de logistique, puis revendu à des grossistes africains, avant d’atterrir dans les étals de rue et les petites boutiques.
POURQUOI C’EST IMPORTANT: Cela rappelle que la mondialisation fonctionne souvent de manière inattendue : une réglementation environnementale locale en Afrique de l’Est a créé un créneau que les fabricants chinois, grâce à leur rapidité, leur capacité de production et leur design, sont particulièrement bien placés pour occuper. C’est aussi l’histoire d’un objet modeste – un sac valant quelques centimes en Chine – qui parcourt des milliers de kilomètres pour devenir ailleurs un petit luxe, un accessoire de mode, voire une marque de statut social.





							