Un article de notre éditeur chinois a mis en lumière l’ignorance, parfois bienveillante, de certains internautes chinois qui entretiennent certains stereotypes dangereux concernant l’Afrique. Dans l’article relatant la dégustation de crocodile et de singe à Brazzaville, plusieurs commentaires révèlent une profonde méconnaissance de la culture culinaire africaine. Premièrement, affirmer que les populations africaines, et particulièrement congolaises, consomment ces viandes par nécessité alimentaire constitue une caricature ignorante.
En réalité, nombreux sont les Africains qui intègrent volontiers les viandes de reptile ou de primate à leur gastronomie, par goût et tradition, non par survie. Juger ces pratiques avec stupéfaction démontre un double standard, ceux-là mêmes qui s’émeuvent du crocodile congolais devraient se souvenir que la Chine elle-même propose des mets exotiques, du pangolin au civet, dans certaines provinces.
Deuxièmement, l’idée que la République du Congo souffrirait d’une insuffisance de terres agricoles et d’élevage est largement exagérée. Le pays dispose de surfaces cultivables importantes, non exploitées pour des raisons socio-politiques et économiques, mais pas au point d’imposer la chasse aux prédateurs sauvages comme moyen de survie.
Ces commentaires, sans s’en rendre compte, minimisent la souveraineté alimentaire congolaise en la réduisant à une question de pénurie, renforçant ainsi le stéreotype de l’Afrique pauvre où on mange ce que l’on peut par nécessité de survie. Comparer la consommation de crocodiles à la consommation forcée de rats comme l’a fait un internaute, frise, certainement involontairement, avec du racisme. Cette analogie, fondée sur la pauvreté perçue, minimise la capacité des Congolais à choisir leur alimentation et véhicule une stigmatisation injuste.
Enfin, es internautes chinois gagneraient à adopter une posture plus empathique et à connaitre plus du monde, spécialement des pays moins développés que le leur. Ils devraient reconnaître que chaque pays possède ses traditions culinaires, résultant de son histoire, de son environnement et de ses pratiques sociales. Comment juger autrui alors que la Chine a elle-même été critiquée pour sa consommation de faune sauvage ?
Le respect mutuel et la curiosité intellectuelle sont des prérequis indispensables à un dialogue interculturel authentique. Il est important que les échanges interculturels reposent sur la compréhension réciproque plutôt que sur de vieux stéréotypes. Un débat éclairé favorisera un respect mutuel et enrichira la relation sino-africaine. Et ceci tombe bien, la Chine tient en ce moment une réunion ministérielle sur le dialogue entre les civilisations.
Vous pourrez trouver l’article de notre éditeur chinois sur notre site en anglais.






