Les agriculteurs sud‐africains figurent parmi ceux qui ont le plus à gagner de la nouvelle proposition de la Chine visant à supprimer les droits de douane sur les exportations de 53 pays africains.
La Chine n’importe aujourd’hui que 0,4 % de ses produits agricoles d’Afrique du Sud, un chiffre que l’on prévoit en forte hausse alors que les acheteurs chinois cherchent à réduire leur dépendance au soja, au maïs, à la viande et à d’autres denrées américaines que l’AFS produit en abondance.
Pourtant, les décideurs sud-africains doivent se montrer prudents face à cette offre, avertit Wandhile Sihlobo, économiste en chef de l’Agricultural Business Chamber of South Africa et l’un des meilleurs spécialistes sudafricain du secteur.
Le fait que l’accès zéro-tarif ne s’inscrive pas dans un accord commercial plus large et réciproque pose un risque potentiel, prévient Sihlobo dans une chronique très suivie publiée dimanche sur le portail sud-africain News24 :
« Bien que l’offre chinoise paraisse généreuse, un pays comme l’Afrique du Sud doit en tirer les enseignements appropriés de l’expérience.
L’accès unilatéral sans droits ni contingents est une arme à double tranchant : à court et moyen terme, il peut permettre d’accroître la part des exportations vers un marché significatif, mais, faute de réciprocité, cette largesse peut disparaître en cas de tensions entre les deux parties, par exemple pour des raisons géopolitiques.
En somme, des régimes non réciproques peuvent conduire à la dépendance et être facilement manipulés par le donneur d’accessibilité comme levier politique pour atteindre des objectifs stratégiques.
Si l’Afrique du Sud — et plus généralement les pays africains — doit tirer parti de cette opportunité, nous devons viser la conclusion d’un accord commercial bilatéral avec la Chine qui garantisse prévisibilité, certitude et durabilité. »
POURQUOI C’EST IMPORTANT: Sihlobo soulève une question importante. Cependant, comme beaucoup il l’aborde comme si la décision de lever les droits de douanes avait déjà été prise par la Chine. Il a oublié d’intégrer le fait que la Chine est prête à lever ces mesures dans le cadre d’un accord commercial et économique plus large. Et c’est bien la question qu’il aborde en évoquant la nécessité d’un accord commercial bilatérale qui garantisse prévisibilité, certitude et durabilité.




