J’ai passé la semaine à éplucher les données du commerce entre la Chine et l’Afrique en 2024. Les données publiées par les douanes chinoises révèlent combien le commerce entre la Chine et l’Afrique est fortement déséquilibrée et repose essentiellement sur les ressources naturelles, mines, bois ou agriculture.
En 2024, entre la Chine et l’Afrique c’est 295 milliards d’échange commercial. Un chiffre intéréssant mais bien maigre lorsqu’il est comparé aux 1 trillion de dollars avec l’Europe, 518 milliards avec l’Amérique Latine, ou encore 982 milliards avec les pays de l’ASEAN.
La réalité est telle que le commerce entre la Chine et l’Afrique ne représente que 4.2 du commerce de la Chine avec le monde. Un chiffre qui choquerait plus d’un pour qui l’importance de l’Afrique pour la Chine serait économique et commerciale. Pour vous encore vous en convaincre du contraire, le commerce entre la Chine continentale et Hong-Kong s’est élévée à 309 milliards $.
Outre le fait qu’il ne soit pas si grand que ça, le commerce entre la Chine et l’Afrique est comme on peut facilement le deviner, déséquilibrée. Au delà du déficit commercial qui le caractérise (61 milliards $ pour l’Afrique), il est très peu diversifié et repose essentiellement sur les matières premières.
Alors que la grande majorité des pays africains souffrent d’un déficit commercial avec la Chine, les quelques rares (RDC, Guinée, Angola, Afrique du Sud*) qui jouissent d’un surplus commercial sont ceux qui sont riches en ressources naturelles et qui les exportent vers la Chine.
Prenez le cas de la RDC, en 2024 c’est 17 milliards $ de surplus commercial avec un panier des exportations dominé à 90% par les minerais (cuivre, cobalt, or, coltan, tungstene etc..)
La Guinée c’est 4 milliards $ de surplus commercial grâce à ses exportations de bauxite vers la Chine auxquelles elle est devenue dépendante.
L’Angola, ancien premier fournisseur mondial de la Chine en pétrole, c’est 14 milliards $ de surplus, merci au pétrole.
Un regard sur les données des douanes chinoises suffit à vous convaincre du déséquilibre et de la nature profondément extractive de cette relation?
Mais saurait-on réellement blamer la Chine? Cette situation serait-elle le résultat d’une volonté de Pékin de maintenir le continent d’un déséquilibre qui l’arrange?
Ou serait-il plutôt le résultat d’une défaillance structurelle des économies africaines qui n’ont pas su se diversifier, changer de modèle économique, développer une industrie manufacturière pour enfin sortir de sa place historique, de siimple fournisseur mondial mondial de matière de l’économie mondiale?
Comment ne pas être surpris qu’après près d’une décennie de boom minier, la RDC ne parvient toujours pas à reinvestir ses revenus dans d’autres secteurs de l’économie afin d’exporter autre chose que des minerais, ou du bois ou du café?
Lorsqu’elle parle de valeur ajoutée aujourd’hui, ce n’est encore et toujours que dans le cadre de ses mines… pas autre chose.
Que dire de l’Angola, de la Guinée … et même l’Afrique du Sud, pourtant riche et dévéloppée, présente un panier des exportations où l’or brut, le chrome et le platinum règne en maitres.
La réalité est telle qu’il reviendra au continent de se déployer au delà de ses ressources naturelles pour occuper une place de choix dans l’économie mondiale et commencer à bénéficier d’un commerce un peu plus riche et diversifié.
Mais tant que des efforts sérieux ne sont pas faits, rien ne changera. Les chiffres et le tableau de l’année prochaine seront une copie conforme de celle d’aujourd’hui et d’hier.







 
							 
							