Felix Tshisekedi arrive en Chine dans un contexte politique chargé à la maison. 2023 année électorale, il fait face à une large opposition qui rassemble non seulement Martin Fayulu, mais aussi l’ex-gouverneur du Katanga et son ancien allié politique, Moise Katumbi.
A l’approche des échéances électorales, la tension monte à Kinshasa ou l’opposition politique exige un processus politique et électoral plus ouvert et transparent.
La répression de la marche de l’opposition le week-end dernier et les restrictions de mouvement placée sur Moise Katumbi, l’ont placé dans une posture délicate face à une communauté internationale visiblement inquiète de l’évolution de la situation politique.
Outre le contexte politique, c’est la situation sécuritaire dans l’est de la RDC qui pèsera notamment dans le fond de sa pensée. Face à la rébellion du M23, le gouvernement congolais se retrouve dans une posture délicate. Déçu par ce qu’il qualifie d’inefficacité des forces de la East African Community, la RDC compte désormais sur la SADC pour obtenir le soutien politique mais surtout militaire pour mettre fin à la rébellion du M23.
Au niveau international, la communauté internationale semble trainer des pieds pour prendre des sanctions contre le Rwanda (soutien du M23) – comme ce fut le cas pour la Russie en Ukraine – et ce malgré les nombreux rapports des experts onusiens et indépendants qui attestent de ce soutien.
Au conseil de sécurité au-delà de son soutien réitéré à l’intégrité et l’intangibilité des frontières congolaises, et son appelle aux parties impliquées au dialogue afin de trouver une solution apaisée, la Chine n’est jamais allée au-delà. Malgré l’importance que représente la RDC pour la stratégique africaine de la Chine, Pékin n’a pas pris fait et cause pour le gouvernement en condamnant formellement le soutien rwandais.
Cependant Il faudrait noter qu’elle a soutenu les positions congolaises appelant à la levée du régime de notification sur l’achat de certains types d’armes de guerre qui pesait sur le gouvernement congolais. Régime de notification que Kinshasa considérait comme un embargo de fait. Et c’est certainement la levée de ce régime de notification qui a facilité à Kinshasa l’acquisition des drones d’attaques chinois.
Et c’est dans ce contexte politico-sécuritaire tendu et incertain que le président congolais se rend à Pékin pour “redynamiser”, “relancer” et “faire entrer les relations sino-congolaises dans une nouvelle ère”, si évidemment l’on s’en tient aux propos du ministre des affaires étrangères, ceux du porte-parole du gouvernement, ainsi que ceux de l’ambassadeur de RDC en Chine.
Au-delà des questions minières qui dominent les relations sino-congolaises, comment le président compte-t-il capitaliser l’importance stratégique de son pays, pour faire face aux défis politiques qui sont les siens.
Fidèle à sa politique de non-interférence, la Chine ne sera certainement pas cet allié politique international dont il aura besoin au sortir d’un processus électoral qui s’annonce tumultueux et chaotique. Cependant il pourrait bien compter sur cette non-interférence de Pékin pour qu’elle s’élève contre toute ingérence extérieure occidentale qui viserait à affaiblir sa posture politique.
Mais ce soutien politique tacite n’est pas garanti. Ceci ne pourrait certainement être possible que s’il se positionne comme un allié de Pékin. Une posture bien délicate à assumer dans un environnemental international de rivalité sino-américaine.
Dans cet environnement international qui change, les postures adoptées par les pays africains, acteurs “marginaux” du système international, ne seront pas sans conséquence.
Cependant la RDC n’est pas un simple petit pays marginal d’Afrique. C’est le premier producteur mondial de cobalt, l’un des plus grands producteurs de cuivre et une réserve mondiale de plusieurs métaux précieux dont le coltan.
Avec tout ceci, le pays dispose de suffisamment d’atouts et d’outils pour faire prévaloir sa posture auprès de n’importe quelle puissance internationale. Mais tout ceci dépendra de la capacité du gouvernement congolais à négocier habilement et à jouer intelligemment ses cartes.
Et au bout sortir de ce voyage à Pékin, au début de ces « nouvelles relations sino-congolais redynamisées », on saura si le président congolais aura su habilement jouer ses cartes.
Bien conscient du suivi particulier que Washington fera de ce voyage, le ministre des Affaires étrangères de la RDC avait bien vite fait de rappeler qu’il s’agit d’un « partenariat non exclusif ».