Qin Gang, le nouveau ministre chinois des affaires étrangères, a effectué une visite éclair au Bangladesh sur le trajet de sa première tournée en Afrique. Il a rencontré son homologue bangladais AK Abdul Momen à l’aéroport international de Dhaka. Momen a déclaré aux journalistes qu’ils ont discuté de l’amélioration des échanges commerciaux. Il a également réaffirmé l’engagement du Bangladesh en faveur du principe d’une seule Chine.
La tournée africaine de Qin l’amènera à visiter cinq pays et l’UA, et représente une courbe d’apprentissage abrupte pour le nouveau ministre des affaires étrangères, dont la carrière s’est jusqu’à présent concentrée sur l’Europe et les États-Unis.
China Global South Project a demandé à l’expert Afrique-Chine Paul Nantulya, chercheur associé au Centre d’études stratégiques Afrique-Chine de Washington DC, de donner son avis sur le nouveau rôle de Qin :
Décryptage de Paul Nantulya:
CE QUE LES DIRIGEANTS AFRICAINS DOIVENT SAVOIR SUR QIN GANG : « [Qin] est très proche de Xi [et] appartient au courant traditionaliste de l’establishment de la politique étrangère chinoise qui soutient que la Chine doit assumer une responsabilité dans les affaires mondiales à la hauteur de son statut de deuxième économie mondiale après les États-Unis. Les adeptes de ce courant se sont progressivement imposés dans l’élaboration de la politique étrangère chinoise ces dernières années, mais surtout sous Xi Jinping qui souscrit également à ce point de vue.«
CE QUE QIN GANG DEVRAIT SAVOIR SUR L’AFRIQUE : « La [jeune] population africaine ne peut être abordée avec les approches désuètes. Elle a besoin d’une approche plus innovante, qui écoute plutôt que de prescrire, qui donne des moyens plutôt que d’offrir des solutions toutes faites, qui inclut plutôt qu’exclut, et qui s’engage directement plutôt que par le biais de mécanismes formels de relations d’État à État ». Il devrait considérer l’Afrique comme la prochaine Chine en raison de son potentiel explosif, de la croissance de sa classe moyenne, de l’augmentation de son réservoir de main-d’œuvre et de sa demande d’adoption de nouvelles technologies.«
COMMENT COMPRENDRE SON ITINÉRAIRE : « Qin se rendra en Angola, en Éthiopie, au Gabon, au Bénin, en Égypte et au siège de l’UA. Ce choix de pays reflète un équilibre entre l’Afrique de l’Est, l’Afrique centrale, l’Afrique de l’Ouest, l’Afrique du Nord et l’Afrique australe, les océans Indien et Atlantique, ainsi qu’un mélange d’intérêts économiques et sécuritaires […].
« L’Angola représente les liens forts de la Chine avec les anciens mouvements de libération ainsi que les engagements croissants de la Chine dans l’Atlantique. L’Angola (comme l’Éthiopie) est également très endetté envers la Chine (16 milliards de dollars, soit 40 % de sa dette extérieure) et a négocié des arrangements pour rembourser cette dette […]
« Le Gabon et le Bénin reflètent l’expansion continue de l’engagement militaire et économique chinois en Afrique de l’Ouest, qui comprend la construction du nouveau siège de la CEDEAO et une série de nouveaux accords de défense, et bien sûr l’expansion de la Ceinture et la Route. L’Égypte est un nœud important de « la Ceinture et la Route » et une vitrine pour la nouvelle zone économique du canal de Suez Chine-Égypte. C’est également un partenaire majeur en matière de sécurité.«
POURQUOI EST-CE IMPORTANT ? La jeunesse de Qin [il a 56 ans] et sa proximité avec le président Xi Jinping signifient qu’il sera probablement l’un des principaux artisans de la politique africaine de la Chine au cours des années 2020 et au-delà.
LECTURE RECOMMANDÉE :
- China Global South Project : Qu’est-ce que Qin Gang devrait savoir sur l’Afrique et qu’est-ce que les Africains devraient savoir sur le nouveau ministre des Affaires étrangères de la Chine ? par Eric Olander.
- Centre africain d’études stratégiques : China’s Deepening Ties to Africa in Xi Jinping’s Third Term par Paul Nantulya
- Development Reimagined : À qui la Chine donne-t-elle la priorité ? Infographie