Après que le porte-parole du ministère des Affaires étrangères de l’Éthiopie ait déclaré, fin juin, que l’Ethiopie déposerait sa candidature pour rejoindre les BRICS, les chercheurs et les médias chinois se sont empressés de réagir à ces propos.
Liu Qinghai, directeur de l’Institut d’économie africaine de l’Université normale de Zhejiang (qui est une institution universitaire de premier plan pour les études africaines en Chine), a déclaré dans une interview accordée à SPUTNIK News (Russie) qu’il était tout à fait possible que l’Éthiopie rejoigne les BRICS. L’adhésion aux BRICS aidera le pays à promouvoir la croissance économique et à maintenir la stabilité politique, et renforcera son pouvoir de jouer avec l’Occident (增强与西方博弈的力量) Elle a principalement répondu aux points suivants :
Pourquoi les pays africains s’intéressent-ils aux BRICS ?
- Le développement futur : Actuellement, les pays des BRICS représentent plus de 40 % de la population mondiale et environ un quart du PIB mondial, ce qui pourrait constituer une forte impulsion pour leur développement grâce aux liens avec les BRICS.
- Mécontentement à l’égard de l’Occident : Les pays africains sont de plus en plus mécontents du comportement hégémonique et des sanctions de l’Occident ces dernières années, et ce sentiment s’est particulièrement accentué à la suite du conflit entre la Russie et l’Ukraine.
Quelles sont les chances pour l’Éthiopie d’être « sélectionnée » ?
Bien que l’Éthiopie ait un grand poids politique parmi ses pairs, la probabilité que sa candidature soit acceptée par le premier groupe est faible pour les raisons suivantes :
- RÉGIONALE : Du point de vue de l’influence politique, il est moins probable que la candidature soit adoptée cette année, car l’Égypte est également candidate à l’adhésion, plus tôt que l’Éthiopie, et dispose également de solides atouts politiques, en particulier dans le monde arabe. Les BRICS doivent en choisir un pour une fois afin de maintenir l’équilibre géopolitique.
- STABILITÉ POLITIQUE : Elle a également souligné que, bien que le gouvernement et les forces rebelles du Tigray aient conclu un accord de cessez-le-feu, la situation générale dans le pays n’est pas très stable. Il est peu probable que les BRICS approuvent l’adhésion d’un pays dont la situation interne n’est pas suffisamment stable.
- SITUATION ÉCONOMIQUE : la situation économique s’est détérioré après le COVID et le conflit en Tigray qui a conduit à une suspension par les États-Unis l’éligibilité du pays au traitement commercial préférentiel dans le cadre de l’AGOA, a davantage compliqué la situation.
POURQUOI C’EST IMPORTANT: Il se tiendra le mois prochain le sommet des BRICS en Afrique du Sud qui en assure la présidence. Ce sommet devra faire statuer à une multitude de candidature d’adhésion. Rien qu’en Afrique, il faudra examiner celle de l’Algérie, de la Tunisie, de l’Egypte et de l’Ethiopie.
Il y a quelques mois, l’Afrique du Sud avait émis des reserves quant à l’expansion effrénée du BRICS. Naledi Pandor avait clairement fait savoir que l’Afrique du Sud restait attachée aux institutions internationales et qu’il n’était pas question que les BRICS remplace ces institutions.
La question de la monnaie unique des BRICS sera aussi au centre du sommet à venir. Et là encore, l’Afrique du Sud en appelle à beaucoup de prudence sur ce débat.
LECTURE RECOMMANDÉE:
- SPUTNIK News: Expert: Ethiopia’s membership in BRICS will help the country boost economic growth and maintain political stability (en chinois)
- Institute of African Studies: Ethiopia’s accession to BRICS will help the country to promote economic growth and maintain political stability (en chinois)