La Chine a déclaré suivre de près la situation au Niger après l’annonce, la semaine dernière, de l’arrestation par une junte militaire du président démocratiquement élu, Mohamed Bazoum, et de la mise en place d’un gouvernement militaire.
Ce coup d’État risque de creuser un fossé entre le Niger et les puissances occidentales, plus particulièrement la France qui perd de l’influence dans la région. Ce coup d’État n’est que le dernier en date dans la région, avec des bouleversements similaires au Mali, au Tchad, en Guinée, au Burkina Faso et au Soudan.
Le ministère chinois des affaires étrangères s’en est tenu jusqu’à présent à son discours habituel, appelant les parties concernées à résoudre leurs différends par le dialogue. Entre-temps, le FMI a annoncé qu’il suspendait le versement d’un prêt de 131,5 millions de dollars au Niger, approuvé au début du mois de juillet.
Cependant, la Chine a beaucoup à perdre au Niger. Avec un IDE de 2,68 milliards de dollars, elle est le deuxième investisseur étranger direct du pays après la France. En 2021, on estimait à 1 068 le nombre de travailleurs chinois au Niger, travaillant pour 40 entreprises chinoises.
Les projets chinois au Niger
- PÉTROLE : PetroChina a conclu en 2011 un accord de production avec le gouvernement nigérien sur le champ pétrolier d’Agadem, dont les réserves sont estimées à 650 millions de barils. Les deux entreprises gèrent également la raffinerie de pétrole SORAZ, près de la frontière nigérienne. PetroChina détient 60 % des parts de la raffinerie, qui produit 20 000 barils de carburant raffiné par jour et approvisionne principalement le marché intérieur du Niger. PetroChina a également signé un accord en 2019 pour la construction d’un oléoduc entre Agadem et le port béninois de Cotonou. Le projet, dont l’investissement total s’élève à 4 milliards de dollars, est achevé à environ 63 %.
- URANIUM : China National Nuclear Corp. a signé en 2007 un accord avec le gouvernement nigérien pour développer la mine d’uranium Azelik. Elle détient 37,2 % du projet, et 24,8 % sont détenus par ZXJOY Invest, une société d’investissement chinoise. Le Niger a emprunté 90,93 millions de dollars à la Chine en 2009 pour développer le projet. Les réserves de la mine sont estimées à 11 227 tonnes, avec une capacité de production annuelle de 700 tonnes. Juste avant le coup d’État, M. Bazoum aurait contacté des entités chinoises pour discuter du redémarrage de la production, qui avait été interrompue en raison de la chute des prix de l’uranium. Le Niger possède certains des gisements d’uranium les plus riches au monde, et des entreprises de nombreux pays, dont le Canada, la Corée du Sud et la France, y opèrent.
POURQUOI C’EST IMPORTANT: Si le coup d’État nigérien pourrait bénéficier à la Chine en accentuant le fossé entre le Niger et ses partenaires occidentaux, la menace potentielle qu’il fait peser sur les grands projets chinois est susceptible de susciter l’inquiétude de Pékin.
LECTURE RECOMMANDÉE:
- Reuters: China’s Oil and Uranium Business in Niger par Andrew Hayley
- South China Morning Post: What the Niger Coup Means for China’s Presence in the Sahel Region par Jevans Nyabiage