Voici les perspectives de l’équipe de la rédaction du China Global South Project pour l’année 2023. Quelles sont les tendances à observer et pourquoi.
Eric Olander, Rédacteur en chef
Les efforts de la Chine pour construire un ordre international parallèle vont s’accélérer en 2023. Sous la houlette d’une nouvelle équipe de politique étrangère qui entrera en fonction en mars, la nouvelle initiative de développement mondial de Xi Jinping va prendre forme, le groupe des BRICS va s’élargir et l’AIIB va considérablement stimuler les prêts au-delà de l’Asie.
Dans le même temps, la Chine sera confrontée l’année prochaine à des défis sans précédent dans la gestion de son portefeuille de dettes internationales. Le Laos, le Sri Lanka et Djibouti, parmi d’autres pays du Sud, risquent tous de faillir sous le poids de la dette. Pékin va devoir prendre des mesures plus audacieuses pour restructurer ses dettes dans ces pays, sous peine de voir sa réputation internationale fortement entachée.
Enfin, l’évolution de la crise du COVID, qui s’aggrave en Chine, sera extrêmement importante. Déjà, la grave pénurie de vaccins dans le pays signifie que Pékin est encore moins susceptible de tenir sa promesse du FOCAC d’offrir un milliard de vaccins aux pays africains. En outre, si une nouvelle variante franchit la frontière pour atteindre l’Inde, le Vietnam ou d’autres pays asiatiques, il faut s’attendre à ce que les liens avec les voisins de la Chine s’en ressentent.
Cobus van Staden, Directeur de la rédaction
Je m’attends à ce que l’une des principales tendances en 2023 soit l’arrivée plus marquée des entreprises chinoises d’énergie solaire en Afrique.
Bien que certains d’entre eux soient actifs sur le continent depuis des années, la nécessité de trouver de nouveaux débouchés dans le sillage de la crise intérieure chinoise du COVID, alors que la demande énergétique massive de l’Afrique est exacerbée par les sécheresses qui freinent la production d’hydroélectricité, pourrait pousser ces entreprises à s’implanter plus profondément sur le continent.
En outre, il semble que les pays occidentaux soient davantage disposés à financer les énergies renouvelables en Afrique. Il est peu probable que ces bailleurs de fonds travaillent avec des entreprises chinoises, et si ces financements se concrétisent, ils pourraient (en théorie) déclencher une course à la géopolitique vers les énergies renouvelables, ce qui pourrait être à l’avantage de l’Afrique.
Geraud Neema, Rédacteur du service francophone
En 2023, attendez-vous à ce que la Chine étende sa présence déjà remarquable dans le secteur des minerais stratégiques en Afrique. Le gouvernement chinois et les sociétés minières vont également réagir aux nouvelles contre-mesures des États-Unis et de l’Europe destinées à affaiblir leur domination dans la chaîne d’approvisionnement des ressources stratégiques.
En outre, une autre tendance importante à surveiller l’année prochaine sera la demande des pays africains de raffiner les minerais stratégiques avant leur exportation, en particulier le cobalt et le lithium. La RDC et le Zimbabwe ont déjà commencé à faire pression sur les sociétés minières chinoises et étrangères, et ces demandes de raffinage local ne feront que s’amplifier.
S’il est compréhensible que les pays africains veuillent progresser dans la chaîne de valeur, l’absence d’alimentation électrique suffisante et d’intrants essentiels dans de nombreux pays va constituer un obstacle majeur.