Les propos du ministre zambien des finances, Situmbeko Musokotwane, lors d’une interview accordée au Financial Times, au sujet des discussions sur la dette zambienne semblent avoir été compris différemment. Si bien qu’il a fallu au ministère zambien des finances de publier un communiqué sur son compte twitter afin de clarifier les propos du ministre.
Interrogé sur les exigences de la Chine de voir les bailleurs de fonds multilatéraux participer à la restructuration de la dette, il a répondu : « Les discussions à des niveaux plus élevés comme ceux-là ne font qu’aggraver notre situation, car ce que nous recherchons, ce sont des solutions urgentes, et non des discussions qui risquent de faire traîner les choses en longueur… Nous devrions tous nous concentrer sur l’allègement de la dette et faire en sorte qu’il ait lieu. »
Et ce sont ses propos ambigus qui semblent avoir posé problème:
Deux narratifs
CORRECTION DU FINANCIAL TIMES: À la fin de l’article le Financial Times, citant le communiqué du ministère zambien des finances, a tenu à préciser que : « Cet article a été modifié depuis sa première publication pour préciser que Situmbeko Musokotwane a critiqué les retards dans les discussions sur la restructuration de la dette entre les créanciers de la Zambie. Il n’a pas rejeté l’appel de la Chine à inclure les bailleurs de fonds multilatéraux dans la restructuration de la dette, comme indiqué initialement. »
AFRICA NEWS: De son côté, Africa News, filiale africaine de Euronews, rapportant l’interview, a titré : « La Zambie rejette les demandes visant à permettre à la Banque mondiale de restructurer sa dette chinoise. » Et de préciser dans l’article : « La Zambie a rejeté la proposition de la Chine invitant la Banque mondiale à participer à la restructuration de sa dette. »
La ligne éditoriale de Africa News pose deux problèmes majeurs.
- Le premier est qu’il ne s’agit pas de dette chinoise, mais plutôt de la dette extérieure zambienne envers tous ses créanciers parmi lesquels la Chine est le plus important avec 6 milliards de dollars sur les 17.5 milliards que le pays doit.
- Le second évidemment porte sur l’interprétation qui est faite des propos du ministre zambien.
Autant il est vrai que les propos du ministre peuvent facilement prêter à confusion, autant il a été quelque peu farfelu d’en faire une interprétation précise allant dans une certaine direction.
La clarification apportée par le ministère zambien des finances est importante, elle tend à éviter une polémique qui aurait pu émerger.
Pourquoi c’est important: Depuis plusieurs semaines déjà, le rôle de la Chine dans le processus de restructuration de la dette zambienne est critiqué. Le patron de la Banque Mondiale, David Malpass et la secrétaire américaine au Trésor, Janet Yellen, ont à plusieurs reprises présenté la Chine comme l’obstacle principal à l’aboutissement des négociations; mettant en cause les exigences chinoises à inclure les bailleurs de fonds multilatéraux dans les discussions. Exigence à laquelle s’opposent David Malpass et Janet Yellen.
L’interprétation que fait Africa News des propos du ministre zambien aurait pu être facilement perçue comme un soutien zambien à la position américaine dans ces négociations.
Et pourtant au regard de sa position et de ses relations avec la Chine, il est assez évident que la Zambie n’aurait aucun intérêt à s’aliéner l’un ou l’autre camp en prenant partie. D’où le sens de la clarification apportée.
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Note: Jusqu’à cette publication, Africa News n’avait toujours pas apporté de correction à son article