La finance internationale est de plus en plus inquiète pour le Kenya qui pourrait être le prochain pays africain à faire défaut sur sa dette.
Les marchés s’inquiètent de savoir comment le Kenya restera solvable face à trois tendances convergentes qui font qu’il est de plus en plus difficile pour le pays de payer ses dettes :
- UNE MONNAIE FAIBLE : Le shilling kenyan, comme de nombreuses devises des économies émergentes, perd de la valeur depuis des mois, ce qui rend beaucoup plus coûteux le service de la dette extérieure du pays, qui s’élève à 35 milliards de dollars. De nouvelles données publiées cette semaine par la Banque centrale révèlent que les coûts d’emprunt du pays ont augmenté de 144 millions de dollars au cours des huit mois précédant février, soit une hausse de 20 % par rapport à la même période de l’année dernière.
- FAIBLES RECETTES FISCALES : L’augmentation des coûts du service de la dette a coïncidé avec une baisse des recettes fiscales au cours de la même période, obligeant le gouvernement à retarder les salaires et à réduire les services publics. La Banque centrale a déclaré cette semaine que, pour la première fois dans l’histoire du pays, les obligations de remboursement de la dette dépassaient les dépenses de fonctionnement.
- DES INVESTISSEURS NERVEUX : Tout cela rend les investisseurs internationaux très nerveux, ce qui incite beaucoup d’entre eux à se séparer de leurs obligations kenyanes, ce qui augmente le coût de l’emprunt. Les rendements des obligations en dollars kenyans sont aujourd’hui parmi les plus élevés au monde, aux alentours de 15 %. Cette situation s’explique en grande partie par les inquiétudes des investisseurs concernant la faiblesse de la monnaie et la capacité du gouvernement à continuer d’assurer le service de sa dette.
QU’EST-CE QUE LA CHINE A À VOIR AVEC TOUT CELA ? Bien que la part de la Chine dans la dette publique totale du Kenya soit inférieure à 10 %, l’encours des prêts libellés en dollars de la China Exim Bank, estimé à 6 milliards de dollars, représente néanmoins un montant disproportionné des obligations de la dette bilatérale du pays.
QUE FAIT LA CHINE POUR ALLÉGER LE FARDEAU DU KENYA ? Alors que les autres créanciers bilatéraux du Kenya ont tous accepté de reporter le remboursement des prêts, la China Exim Bank a été la seule à refuser d’étendre un programme de report de la dette pour 2021. De nouveaux appels au rééchelonnement de la dette ont été lancés en octobre dernier, juste avant l’arrivée au pouvoir de William Ruto, mais ils ont été ignorés par les créanciers chinois.
POURQUOI C’EST IMPORTANT ? Le refus de la China Exim Bank d’accord au Kenya un report de remboursement de son prêt contredit totalement la position de Pékin selon laquelle la Chine fait « tout son possible pour aider les pays en développement à alléger le fardeau de leur dette ». En accordant au Kenya une exonération immédiate du service de la dette, la China Exim Bank soulagerait considérablement les difficultés du Kenya en matière de service de la dette et enverrait un signal positif aux marchés.
LECTURE RECOMMANDÉE:
- Bloomberg: Kenya Wants China to Extend $5 Billion Debt Repayment by David Herbling
- African Business: “Chinese banks want to be repaid in full”: Scepticism greets China’s debt forgiveness by Charlie Mitchell