Les réflexions sur l’héritage de Jiang Zemin, président de la Chine de 1993 à 2003, décédé mercredi, ont mis l’accent sur la manière dont il a présidé à une décennie de croissance économique explosive. Moins nombreux sont ceux qui ont souligné qu’il a également été l’un des principaux architectes des relations actuelles de la Chine avec l’Afrique.
Après l’ère Mao, symbolisée par la participation de la Chine aux luttes anticoloniales africaines, ces relations ont été mises en sommeil, la Chine s’attachant à nouer des liens économiques avec les puissances économiques occidentales. Lorsque Jiang est arrivé au pouvoir dans le sillage de la répression de la place Tiananmen, la Chine était à la recherche de nouveaux alliés et de nouveaux marchés.
Le double objectif de Jiang, qui consistait à remodeler la nature du contrôle du PCC tout en stimulant le secteur privé chinois, a également servi de modèle à l’action trilatérale de l’État, du parti et des entreprises en Afrique. En mai 1996, Jiang a effectué une visite d’Etat au Kenya, en Egypte, en Ethiopie, au Mali, en Namibie et au Zimbabwe. Au cours de sa tournée africaine, la Chine a signé plus de 20 accords de commerce et de coopération économique, technique et culturelle.
Il s’agit sans doute de la première émergence de la relation contemporaine entre l’Afrique et la Chine.
En 1999, Jiang a proposé la création du Forum sur la coopération sino-africaine (FOCAC), le mécanisme de coordination multilatérale entre les pays africains et la Chine. Le 10 octobre 2000, Jiang a inauguré la première conférence ministérielle du FOCAC à Pékin.
Peu de gens auraient pu prédire qu’il deviendrait l’un des plus importants mécanismes d’engagement Sud-Sud au monde et que la Chine acheminerait près de 200 milliards de dollars de financement à l’Afrique par l’intermédiaire du FOCAC, transformant du même coup le concept même de développement.