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Chine, nouveau roi des drones en Afrique?

Des pilotes marocains en formation Chine sur le Wing Loong II
Des participants devant un drone Wing Loong de fabrication chinoise exposé lors du salon aéronautique de Dubaï, aux Émirats arabes unis. KARIM SAHIB / AFP

Mercredi passé, on a appris que la Chine avait fait don de quatre drones de type PMR-50 au Bénin. Fabriqué par la société publique chinoise NORINCO, le PMR-50 est un petit drone à courte portée qui soutiendra les efforts du Bénin en matière de lutte contre le terrorisme, probablement en améliorant les capacités de surveillance et de reconnaissance.

Il est vrai qu’il serait difficile de faire du transfert de quatre PMR-50 un événement digne de faire la une des journaux. Cependant, dans le contexte de la récente décision de la RDC d’acquérir neuf drones de combat CH-4 chinois, il convient d’examiner de plus près la rapidité avec laquelle la Chine est devenue l’un des principaux fournisseurs d’équipements militaires sans pilote de technologie relativement avancée dans toute l’Asie, le Moyen-Orient et l’Afrique.

Selon les données sur les transferts d’armes de l’Institut international de recherche sur la paix de Stockholm, les exportateurs chinois ont reçu des commandes pour au moins 388 drones de type militaire entre 2010 et 2020, dont plus de 280 ont été livrés. Les destinataires sont des partenaires proches de la Chine, comme le Pakistan, mais aussi des pays plus éloignés, comme l’Arabie saoudite, les Émirats arabes unis, l’Égypte, l’Algérie et le Nigeria.

Si la Chine a pu prendre d’assaut le marché mondial des drones de combat, c’est grâce à un effort stratégique de plusieurs décennies visant à développer une base industrielle nationale dans le domaine des drones. Des entreprises privées telles que DJI – qui détient une part de marché dominante dans le segment des drones commerciaux – aux entreprises de défense telles que AVIC, CASC et NORINCO, la Chine a mis en place une industrie des drones compétitive à l’échelle internationale.

Ces efforts ne sont pas passés inaperçus en Afrique et au Moyen-Orient. À bien des égards, les drones représentent non seulement une source de puissance aérienne abordable pour les armées et les gouvernements à court d’argent des pays en développement, mais ils sont également devenus un symbole de la modernité militaire et ont capté l’imagination des gouvernements et de la population en ce qui concerne l’avenir de la guerre.

En Afrique, Pékin est conscient de cet attrait. Après avoir officialisé la coopération en matière de sécurité et de défense dans le cadre du Forum des relations sino-africaines, la Chine est devenue un important fournisseur d’équipements militaires ainsi qu’une source de renforcement des capacités dans les secteurs de la sécurité pour de nombreux pays africains.

Si la Russie a récemment dépassé la Chine en tant que premier exportateur d’armes vers l’Afrique subsaharienne – probablement en raison des incursions de Moscou dans le Sahel par l’intermédiaire du tristement célèbre groupe Wagner -, la Chine reste un partenaire pour plusieurs gouvernements du continent. On l’a vu en février dernier lors de l’exercice militaire trilatéral entre la Chine, la Russie et l’Afrique du Sud en février.

Mais surtout, la prolifération des drones militaires est directement liée aux préoccupations en matière de droits de l’homme et de sécurité. Des drones chinois auraient fait surface dans des conflits à travers l’Afrique, notamment en Libye, au Nigeria et en Éthiopie, souvent en raison de leur transfert après expédition par des gouvernements extrarégionaux.

Bien que le transfert de drones de combat soit techniquement réglementé par le régime de contrôle de la technologie des missiles et donc soumis à une forte présomption de refus, Pékin n’est pas partie prenante et a – malgré des affirmations contraires – exporté des drones avec un service après-vente insuffisant.  Si le dernier régime de contrôle des exportations de la Chine vise à améliorer les aspects institutionnels et procéduraux à cet égard, la crédibilité de l’application reste un problème.

La Chine n’est bien sûr pas le seul acteur. La nécessité d’une solution multilatérale inclusive et à long terme à la prolifération des dispositifs sans pilote devient d’autant plus urgente que de plus en plus de pays font leur entrée sur le marché des drones militaires. Le célèbre drone turc Baykar Defense TB-2, par exemple, est de plus en plus en concurrence avec ses homologues chinois pour les parts de marché en Afrique.

Pourtant, dans un monde de multilatéralisme fracturé, de concurrence entre grandes puissances et de pensée à somme nulle des deux côtés de l’allée, il semble qu’un effort efficace, inclusif et durable pour freiner la prolifération des drones soit plus un vœu pieux qu’une réalité.

Lukas Fiala est le coordinateur du projet China Foresight à LSE IDEAS.

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