Le 8e sommet du TICAD (Tokyo International Conference on African Development)qui a réuni les gouvernements, société civile et secteurs privés africains et japonais a pris fin ce week-end à Tunis.
Pour ce 8e sommet, le Japon qui entend rivaliser un peu plus avec la Chine en Afrique, a promu un nouveau modèle dit “Nouveau Capitalisme” avec une emphase sur le développement humain. Avec une promesse de 30 milliards de dollars pour les trois prochaines années, les engagements du Japon restent tout de même en deçà des 40 milliards de dollars de Pékin lors du dernier Focac à Dakar.
Au-delà de ces chiffres, en quoi l’engagement japonaise et chinoise diffèrent-elles substantiellement sur le continent ?
Dans ce rapport de Institute for Security and Peace, Peter Fabricius passe en revue les quelques différences entre la Chine et le Japon en Afrique :
- Les infrastructures, pas uniquement : « L’approche générale du Japon vis-à-vis de la TICAD diffère également de celle de la Chine vis-à-vis du FOCAC. La Chine a financé et construit de nombreux projets d’infrastructure, notamment des chemins de fer, des autoroutes et des bâtiments gouvernementaux. Bien que le Japon ait déjà financé quelques grands projets d’infrastructure dans des pays comme le Ghana, la TICAD – un peu comme l’UE – met l’accent sur l’amélioration des déterminants sous-jacents du développement et de la prospérité. Il s’agit notamment de la consolidation de la paix, du développement constitutionnel, de la réforme de la justice et de la démocratie. Le Japon considère qu’il s’agit d’un modèle plus durable. »
- L’éducation : « L’éducation et la formation figurent en bonne place dans l’engagement de la TICAD. Au cours de ses 29 années d’existence, le forum a formé des milliers d’ingénieurs, d’entrepreneurs et d’éducateurs africains. Il soutient également les efforts de maintien de la paix de l’Afrique par une assistance financière, technique et de formation. La nouvelle approche de la TICAD en matière de paix et de sécurité en Afrique met l’accent sur le soutien aux réformes institutionnelles et politiques, notamment la promotion des élections. »
Une des différences substantielles en matière d’éducation peut être trouvée dans l’initiative ABE du Japon « African Business Education initiative ». Ce programme donne l’occasion chaque année à plusieurs dizaines d’étudiants africains d’entrer en contact avec le monde professionnel et des affaires japonais afin de créer des opportunités de collaboration avec leurs pays respectifs. Une grande différence avec la Chine qui malgré son nombre élevé de bourses qu’elle offre, n’offre pourtant pas ce type de collaboration. |
- Inclusivité : « Parmi les autres différences, citons le caractère plus inclusif de la TICAD, qui implique les institutions multilatérales et la société civile, alors que la Chine garde tout au sein du gouvernement. Le Japon met également l’accent sur le secteur privé en tant que moteur de la croissance et insiste sur l’agence de l’Afrique dans le partenariat, visant un financement des projets à parts égales. »
Malgré la grande inclusivité du modèle du TICAD, on constate une très faible présence du secteur privé japonais en Afrique. Un fort contraste avec le secteur privé chinois. Les réticences du secteur privé japonais trouvent leur source dans l’instabilité politique et la mauvaise gouvernance de plusieurs pays sur le continent. |
- L’Afrique à l’ONU : « Le Japon a « réaffirmé la nécessité de réformer le Conseil de sécurité des Nations unies et son soutien clair à la position africaine commune ». Le Japon, qui cherche à obtenir un siège permanent au sein d’un Conseil réformé, a donc réaffirmé son soutien à la candidature de l’Afrique à ce même poste. La Chine est vaguement favorable à ce que l’Afrique ait davantage voix au chapitre au sein des Nations unies, mais n’a jamais soutenu explicitement l’obtention d’un siège permanent pour d’autres pays. »
Peter Fabricius explore aussi les similarités entre les deux puissances sur le continent. Vous pouvez lire tout le rapport sur le site de l’ISS (en anglais)