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Cessons de questionner la souveraineté diplomatique des pays africains

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Image d'archives: Le président chinois Xi Jinping et son homologue kenyan William Ruto à Pékin le 3 septembre 2024. Crédit photo: Xinhua

Aucun pays souverain ne devrait être obligé de devoir justifier ou expliquer ses choix diplomatiques souverains. Et pourtant c’est ce qui semble être devenu la norme depuis quelques années lorsqu’il s’agit des relations diplomatiques des pays africains avec la Chine ou la Russie. Lors de sa visite d’État en Chine en avril dernier, le président kényan William Ruto a tenu des propos élogieux sur le rôle de Pékin dans l’émergence d’un « nouvel ordre mondial » ainsi que sur l’impact positif de la coopération chinoise pour le Kenya. Ces déclarations n’ont pas échappé à certains membres du Congrès américain, à Washington, qui les ont mal accueillies.

Cette irritation s’est traduite par l’initiative du sénateur Jim Risch, président de la commission des Affaires étrangères, qui a introduit un amendement au budget de la Défense (NDAA 2026) demandant un réexamen du statut de Major Non-NATO Ally (MNNA) accordé au Kenya en 2024. Ce statut confère des avantages militaires notables, tels que l’accès à des contrats de défense et à des programmes de formation conjoints.

Le processus de révision, confié au secrétaire d’État Marco Rubio, devra être mené dans un délai de 90 jours. Il portera notamment sur les liens militaires, politiques et financiers entre Nairobi et Pékin, ainsi que sur la dépendance économique vis-à-vis des financements chinois, en particulier dans le domaine des infrastructures.

Cette démarche illustre un sentiment anti-chinois croissant à Washington, surtout au sein du Congrès, devenu depuis plusieurs années le bastion des critiques les plus virulentes contre la présence de Pékin en Afrique et, plus largement, dans le Sud global. Tous les aspects de cette présence y sont scrutés et souvent présentés comme une « influence néfaste »

Ce climat trouve aujourd’hui un terrain favorable sous une administration qui affiche ouvertement sa volonté de contrer l’influence chinoise en Afrique, tout en reconnaissant, par exemple, le droit des Philippines d’entretenir de solides relations avec Pékin ou des Etats-Unis de négocier des accords commerciaux avec Pékin. 

Sur le dossier kényan, la Maison Blanche est restée silencieuse et rien ne garantit qu’elle suivra la ligne dure du Congrès. Cela n’a pas empêché le président Ruto de réaffirmer la souveraineté et la légitimité de son pays à nouer des relations constructives avec la Chine.

Cette évaluation rappelle une initiative similaire visant l’Afrique du Sud, accusée par Washington de fautes graves, critiques envers Israël, proximité et alignement avec la Chine et la Russie.

Quoi qu’il en soit, qu’elles viennent du Congrès ou de la Maison Blanche, ces pressions obligent les pays africains à se doter d’outils diplomatiques et narratifs pour défendre leur droit à entretenir des relations équilibrées avec la Chine, la Russie ou d’autres partenaires jugés « infréquentables » par Washington, lequel, rappelons-le, continue de commercer avec Moscou malgré la guerre en Ukraine.

Pour Nairobi et d’autres capitales africaines, il devient crucial d’apprendre à naviguer avec finesse dans un environnement diplomatique dominé par des rapports de force asymétriques. Cependant, la souveraineté diplomatique ne saurait être un privilège réservé aux pays du Nord et dénié à l’Afrique ; il est temps de refuser la normalisation d’un questionnement systématique de ses choix de politique étrangère.

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