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R.D.Congo, le nouvel eldorado des entrepreneurs chinois

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Image d'illustration: Un employé de la société chinoise CMOC arpente un puits dans la mine de Tenke Fungurume, l'une des plus grandes mines de cuivre et de cobalt au monde, dans le sud-est de la République démocratique du Congo, le 17 juin 2023. Emmet LIVINGSTONE / AFP

Au fil des ans, l’Afrique est peu à peu devenue la dernière frontière pour les entrepreneurs chinois, pressés par la concurrence du marché national. La RDC, avec Kolwezi la capitale mondiale du cobalt, est devenue l’un de ces pays qui attirent des milliers de Chinois, offrant de nombreuses opportunités dans l’industrie minière? Ce phénomène, qu’on pourrait qualifier d’« entrepreneurial migration », prend de l’ampleur : à la recherche de débouchés plus lucratifs et face à un marché domestique surchargé, ces aventuriers partent à l’assaut des gisements africains.

Bloomberg a publié un article intéressant racontant l’histoire de quelques-uns d’entre eux.

Les facteurs derrière cette migration

1. La pression domestique
En Chine, la concurrence sur le marché de l’emploi est féroce : entre le ralentissement économique, la crise immobilière et un taux de chômage des moins de 35 ans qui frôle les 17 %, beaucoup de jeunes diplômés se sentent coincés. Le mouvement dit du « lying flat » illustre cette désillusion : plutôt que de lutter dans un système épuisant, certains choisissent de rester à l’écart. D’autres, décident de tenter leur chance à l’étranger, là où la demande est forte et les marges potentiellement plus élevées.

2. La niche de la revente de minerais
Arrivés à Kolwezi, ces entrepreneurs ne démarrent pas forcément de puits miniers flambant neufs, mais plutôt une activité de grossiste : ils achètent du cuivre et du cobalt directement aux petites exploitations locales, puis réexpédient ces minerais vers les usines chinoises présentes dans la région. S’intégrant socialement, plusieurs apprennent la langue locale, le swahili, et à travers un réseau de contacts établi sur place, ils obtiennent des lots à prix réduit, revendent rapidement et engrangent des bénéfices confortables.

3. Un capitalisme de frontière
Ici, pas de recours systématique aux tribunaux ou aux grandes institutions internationales : ces acteurs misent sur des « avocats maison », des alliances solides avec des représentants locaux… et, quand les circonstances l’exigent, sur des « arrangements » discrets. Loin des codes juridiques occidentaux, ils écrivent leurs propres règles du jeu, se fiant à leur ingéniosité et à leur capacité de négociation.

4. Les tensions locales
Ce succès à l’étranger ne se fait pas sans heurts. Beaucoup de Congolais regrettent le manque d’accès au financement et à la formation dans leur propre pays, et voient d’un mauvais œil ces expatriés chinois qui prospèrent là où eux peinent à démarrer une entreprise. Paradoxalement, le dynamisme entrepreneurial des Chinois souligne les carences de l’État congolais, et attise parfois jalousie et ressentiment.

Au final, cette migration économique dessine un tableau à la fois fascinant et complexe : un exode motivé par la saturation du marché chinois, la conquête d’une niche profitable, la mise en place d’un capitalisme « à la sauvage » et un mélange d’admiration et de méfiance du côté congolais. L’histoire est loin d’être terminée, et son impact mérite d’être suivi de près.

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