La classe aisée du Nigéria alimente la hausse des importations de panneaux solaires chinois, révélatrice de la profonde crise énergétique du pays, où plus d’un tiers de la population reste privée d’électricité.
Selon le consultant en énergie Ebipere K. Clark, cette dynamique ne découle pas seulement du manque d’accès à l’électricité, mais avant tout d’un besoin de sécurité énergétique : « Les plus riches installent des panneaux sur leurs toits pour garantir une alimentation stable face à un réseau électrique défaillant ». Ces pannes fréquentes du réseau national ont fait du solaire une alternative plus fiable, tandis que des entreprises nigérianes et chinoises envisagent d’implanter localement des usines de fabrication pour élargir l’accès à l’énergie et créer des emplois.
Le Nigeria constitue aussi le plus grand marché africain pour le remplacement des groupes électrogènes : environ trois millions de générateurs y sont en service, soit près de la moitié du total continental. Clark estime que les fabricants devraient voir le pays non seulement comme un marché, mais aussi comme une base de production. Toutefois, la fabrication de panneaux solaires exige d’importantes ressources en eau et en énergie, un défi majeur pour le Nigeria et la plupart des pays africains.
Nicola Licata, experte basée à Shanghai, souligne que les importations chinoises resteront dominantes : les chaînes d’approvisionnement demeurent largement dépendantes de la Chine, qui fournit les équipements, les machines et les matériaux clés comme les plaquettes de silicium. Ces dernières, issues du sable, constituent le cœur des panneaux solaires. Les fabricants chinois ont perfectionné leurs procédés, conservant une avance considérable sur les nouveaux entrants.
Ainsi, les pays africains, pénalisés par les taxes, les coûts logistiques et l’absence d’industries connexes (verre, aluminium, acide sulfurique), continueront à dépendre des importations chinoises. Le solaire se développera surtout dans les solutions hors réseau (minigrids, installations domestiques), particulièrement attractives depuis la suppression des subventions au carburant.
Enfin, le politologue Wei Shen estime que cette vague d’importations peut devenir une opportunité de formation technique et de montée en compétence locale dans les opérations et la maintenance, première étape vers une véritable industrie solaire africaine.
Pour plus de détails lire, Wealthy Nigerians Turn to Chinese Solar Panels as Grid Falters par notre éditeur Njenga Hakeenah




