Une cinquantaine de fermiers affectés par un déversement massif de déchets toxiques miniers dans le nord de la Zambie ont à leur tour assigné en justice l’entreprise chinoise qui les stockait, selon une citation à comparaître consultée jeudi par l’AFP.
La rupture d’une retenue en février a provoqué l’écoulement de dizaines de millions de litres de résidus miniers dans l’environnement près de Kitwe, au coeur de la ceinture de cuivre zambienne en Afrique australe.
L’assignation, déposée mardi auprès d’un tribunal zambien et à laquelle trois ONG locales se sont jointes, demande de « verser aux plaignants 220 millions de dollars », soit près de 190 millions d’euros, devant servir à la « réalisation d’une étude indépendante d’impact environnemental et social », d’une « évaluation sanitaire » et au « relogement immédiat » en « attendant une indemnisation complète et définitive ».
Il y a moins de deux semaines, 176 autres habitants de la zone ont déjà déposé une plainte devant un tribunal zambien contre cette même firme, l’entreprise publique chinoise Sino-Metals Leach (SML), à qui ils demandent un dépôt de 80 milliards de dollars.
Les plaignants rapportaient des « irritations cutanées, des maux de gorge, des irritations des voies respiratoires, de la toux, des sensations d’oppression thoracique, des brûlures, des nausées/vomissements, des maux de tête, des saignements de nez et du sang dans les urines ».
La holding publique China Nonferrous Mining (CNMC), propriétaire de SML, « considère cette plainte clairement infondée », selon un communiqué diffusé la semaine passée.
« SML a pleinement rempli ses obligations de réhabilitation et de remise en état en accord avec les directives gouvernementales et a versé des indemnités aux agriculteurs concernés », a assuré CNMC, également propriétaire de l’entreprise voisine NFC Africa Mining, poursuivie aussi car sa concession accueillait les digues ayant cédé, d’après les plaignants.
Selon la nouvelle citation à comparaître, qui s’appuie sur plusieurs études, 2,2 millions de mètres carrés « présentaient des signes visibles de résidus avec une épaisseur moyenne de 0,3 mètre ».
Les nouveaux plaignants accusent par ailleurs l’entreprise chinoise d’avoir assorti ses indemnités d’une « clause d’exonération de responsabilité qui prive en substance les personnes touchées de tout recours futur » alors qu’elles sont « pour la plupart analphabètes ».
Une entreprise de dépollution a rapporté des quantités déversées vingt fois supérieures aux annonces de SML.
Firme sud-africaine initialement retenue par l’agence de l’environnement zambienne (Zema) pour nettoyer la zone, Drizit a alerté dans un communiqué fin août sur des « niveaux dangereux de cyanure, d’arsenic, de cuivre, de zinc, de plomb, de chrome, de cadmium ». Autant de polluants pouvant causer des malformations congénitales ainsi que des cancers, selon l’Organisation mondiale de la Santé.
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