Les flux de marchandises chinoises vers l’Afrique s’accélèrent. En un an, les exportations ont progressé de 25 %, atteignant 122 milliards de dollars — déjà plus que sur l’ensemble de l’année 2020 — et devraient franchir pour la première fois la barre des 200 milliards de dollars en 2025.
Cette croissance illustre les bouleversements du commerce mondial, marqué par la montée du protectionnisme au sein du G7. Elle confirme aussi le rôle croissant du Sud global, alors que Pékin cherche de nouveaux débouchés pour ses produits. L’Initiative la Ceinture et la Route, lancée il y a plus de dix ans, a servi de tremplin à cette diversification.
Le Nigeria, l’Afrique du Sud et l’Égypte demeurent les principaux partenaires commerciaux de la Chine en Afrique, mais le reste du continent capte une part non négligeable des échanges, bien que fragmentée. L’Afrique ne représente toutefois que 6 % des exportations totales chinoises.
Le déséquilibre commercial entre les deux partenaires persiste. La hausse des exportations creuse l’écart, alors que le continent peine à accroître ses propres ventes vers la Chine et à transformer ses matières premières pour monter en gamme. Pékin a certes annoncé sa volonté de supprimer les droits de douane sur la quasi-totalité des importations africaines, mais la balance reste largement défavorable.
POURQUOI C’EST IMPORTANT: La guerre commerciale entre la Chine et les États-Unis est suffisamment forte pour rediriger certains flux, mais pas assez pour remodeler l’ensemble du commerce mondial. La tendance de fond est ailleurs : la Chine s’impose en Afrique comme le principal fournisseur de technologies, de machines, de voitures et d’équipements énergétiques, devenant de fait le principal prescripteur de normes industrielles.
Les moteurs de la hausse :
- Le yuan : La faiblesse de la monnaie chinoise a dopé la compétitivité des exportations vers l’Afrique. Pékin pousse par ailleurs le commerce en monnaies locales, ce qui pourrait prolonger la tendance.
- Le transbordement : Certains analystes évoquent le rôle du transshipment, l’Afrique servant de plateforme vers d’autres marchés. Mais l’accroissement des barrières commerciales et la possible fin des préférences offertes par l’African Growth and Opportunity Act (AGOA) pourraient limiter ce phénomène.





